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— LVII —

On se ferait difficilement une idée de la désolation qui régnait en ce moment dans la maison du prince. Charlotte de Bourbon, sa femme, ne pouvait surmonter sa douleur ; elle ne sortait d’un évanouissement que pour tomber dans un autre. Les jeunes princesses, fruits de leur union, remplissaient le palais de leurs cris et de leurs pleurs. Les amis et les serviteurs du prince se lamentaient ; l’avenir leur apparaissait sous les couleurs les plus sombres[1]. Ce qui ajoutait à la consternation générale, c’était le doute où l’on était sur le parti auquel il fallait attribuer ce crime ; on craignait surtout que les Français n’y fussent pas étrangers ; on allait jusqu’à soupçonner des domestiques mêmes du prince d’être dans le complot[2].

Cependant le comte de Hohenlohe[3] avait ordonné qu’on fermât les portes du palais, et il veillait à ce qu’il n’en sortit et n’y entrât que des gens bien connus. Le comte Maurice de Nassau, qui n’était encore qu’un enfant, mais qui avait déjà une prudence au-dessus de son âge, fit fouiller l’assassin. On trouva sur Jaureguy, outre le poignard dont nous avons parlé, des Heures, un catéchisme de jésuite, des tablettes et un paquet de

    d’Anjou) y feut,…… adveint le premier assassinat de M. le prince d’Orange, duquel il feut en extrême danger, et auquel il l’assistoit assiduellement ; mesmes, pensant mourir, lui dict adieu, avec grande démonstration d’amytié, et prière de continuer la mesme affection envers ses enfants… » (Pag. 136-137.)

  1. Lettre de W. Herlle.
  2. Bref recueil de l’assassinat, etc.
  3. Wolfgang, comte de Hohenlohe, avait épousé la comtesse Madeleine de Nassau, sœur du prince.