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— LVI —

d’adresser aux seigneurs français font voir qu’il regardait son état comme désespéré. Son chirurgien[1] arriva sur ces entrefaites ; il pansa la blessure, et, dans la crainte que la balle n’eût été empoisonnée, il prépara des médicaments pour combattre les effets du poison[2]. Le ministre calviniste François l’Oyseleur, dit de Villiers[3], qui depuis peu d’années était entré au service du prince[4], ne tarda pas à se présenter aussi : Guillaume lui demanda avec émotion comment il rendrait compte à Dieu de tant de sang répandu. Villiers ayant opposé à ces excès particuliers les justes causes de la guerre, le prince lui dit : « J’ai recours en la miséricorde de Dieu ; en la seule miséricorde de Dieu consiste mon salut[5]. »

  1. Dans la lettre de W. Herlle, ce chirurgien est appelé Skon Thomas.
  2. Lettre de W. Herlle.
  3. Dans la lettre de Jacob Valck, on lit : « Daarnae so die chirurgiene quamen ende D. Tillius, minister, etc. » Je suis porté à croire que Tillius est une faute de copiste, car je ne trouve pas ce nom dans les monuments historiques de l’époque, tandis que celui de Villiers est bien connu, et que la présence de ce dernier est attestée par plusieurs témoignages.
  4. En 1577, il était encore en Angleterre, où il remplissait les fonctions de pasteur de l’église étrangère. Mémoires de Madame Duplessis-Mornay, p. 118.
  5. Vie de Mornay, p. 65. J’emprunte cette citation à M. Groen Van Prinsterer, Archives ou Correspondance inédite de la maison d’Orange-Nassau, t. VIII, p. 81. Je ne connais pas la Vie de Mornay dont il est question ici. Dans les Mémoires de Madame Duplessis-Mornay sur la vie de son mari, voici ce qu’on lit touchant l’assassinat de 1582 : « Pendant ce peu de temps qu’il (Duplessis-Mornay) séjourna à Anvers, depuis que monseigneur (le duc