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éclats, qu’elle emporta, d’une dent. La salle était remplie de monde. L’assassin, espérant peut-être se sauver à la faveur du désordre et de la stupeur générale, laissa tomber son arme à terre ; mais il avait été parfaitement reconnu. Les seigneurs et les gentilshommes présents, ne pouvant maîtriser leur fureur, se jetèrent sur lui et le percèrent de leurs épées ; le premier coup lui fut porté par le sieur de Bonnivet. Les hallebardiers l’achevèrent. En moins d’un instant, plus de cent coups d’épée et de hallebarde avaient été dirigés contre lui[1].

Guillaume ne sentit pas tout d’abord sa blessure ; au bruit de la détonation, il crut que c’était quelque partie de la maison qui s’écroulait il avait cependant éprouvé une sorte d’éblouissement. Bientôt la douleur qui commençait à se manifester, et le feu qu’il aperçut à ses cheveux, lui dévoilèrent la vérité il cria alors qu’on ne tuât point le meurtrier, qu’il lui pardonnait, et, se tournant vers les seigneurs français dont il était suivi, il leur dit : « O que Son Altèze perd un fidèle serviteur ! » On le ména dans sa chambre, en le soutenant sous les bras, et on le mit au lit[2]. Là il dit au bourgmestre Peeter Van Aelst : « Monsieur le bourgmestre, s’il plaît à Dieu, mon seigneur, de m’appeler à lui dans cette conjoncture, je me soumets à sa volonté avec patience, et je vous recommande ma femme et mes enfants[3]. » Ces paroles et celles qu’il venait

  1. Lettre de Jacob Valck. — Lettre de W. Herlle à lord Burghley. — Lettre des députés d’Ypres, du 22 mars, dans l’Appendice C. — Bref recueil de l’assassinat, etc.
  2. Bref recueil de l’assassinat, etc.
  3. Lettre de Jacob Valck.