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il tenait, en qualité de vassal, les royaumes de Sicile et de Naples, publié un manifeste où il maintenait être absous de son serment, à cause que le pape n’avait point rempli envers lui les obligations qui liaient le seigneur à son vassal ?… Guillaume se flattait donc que les princes à qui il faisait parvenir son Apologie y donneraient leur approbation, comme elle avait obtenu celle des états des Pays-Bas[1].

Un des écrivains du XVIe siècle a fort exalté cette Apologie[2] : « La réponse de Guillaume, — dit l’auteur de l’Essai sur les mœurs et l’esprit des nations[3], est un des plus beaux monuments de l’histoire. De sujet qu’il avait été de Philippe, il devient son égal, dès qu’il est proscrit. On voit dans son Apologie un prince d’une maison impériale non moins ancienne, non moins illustre autrefois que la maison d’Autriche, un stathouder, qui se porte accusateur du plus puissant roi de l’Europe, au tribunal de toutes les cours et de tous les hommes. Il est enfin supérieur à Phi-

  1. Cette lettre, datée de Delft, le 4 février 1581, est imprimée en tête de l’Apologie, du moins dans l’édition originale de Leyde que nous possédons.

    M. Groen Van Prinsterer (Archives ou Correspondance inédite de la maison d’Orange-Nassau, t. VII, p. 508) donne la lettre que le prince écrivit à son frère le comte Jean, le 20 février, en lui envoyant sa Défense contre le roi d’Espagne.

  2. Selon Grotius, Annales et histoire des troubles des Pays-Bas, liv. III, Guillaume employa, pour la rédaction de son manifeste, le ministre calviniste et ancien avocat Pierre l’Oyseleur ou de Villiers, qui avait toute sa confiance.
  3. Chap. CLIV.