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— XLII —

disait-il, se fust contenté de me retenir mon fils et mes biens qu’il a en sa possession, et encores de présenter, comme il faict, 25,000 écus pour ma teste, de promettre d’anoblir les homicides, leur pardonner touts tels crimes qu’ils pourroient avoir commis, j’eusse essayé, par tout autre moyen, comme j’ai faict par ci-devant, de me conserver moi et les miens, et de pouvoir rentrer en ce qui m’appartient, et eusse suivi la mesme façon de vivre que j’ai faict ; mais, le roi d’Espaigne aiant publié par tout le monde que je suis peste publicque, ennemi du monde, hypocrite, ingrat, infidèle, trahistre et meschant, ce sont injures que nul gentilhomme, voire des moindres qui soient des subjets naturels dudit roi, peut et doit endurer… » Pour répondre à l’accusation dirigée contre lui, il n’avait pu continuait — il — se dispenser de toucher à l’honneur du Roi : il espérait « qu’on l’imputeroit plutôt à la contrainte que lui avoit apportée la qualité de cette proscription, que non pas à sa nature ou à sa volonté. » Quelques-uns trouveraient peut-être étrange qu’il se défendît en cette sorte, après avoir autrefois tenu plusieurs terres et seigneuries du roi d’Espagne : il se justifiait, en disant qu’il n’était point sujet naturel de ce roi, et, quant à ses fiefs, que Philippe l’en avait dépouillé. D’ailleurs, il n’usait en cela que du même droit dont le roi d’Espagne avait usé. N’avait-il pas fait la guerre à la couronne de France, et ne machinait-il pas tous les jours contre elle, quoiqu’il tint du roi de France, en foi et hommage, et comme vassal de son seigneur, le comté de Charolais ? N’avait-il pas, quand il entra en guerre contre Paul IV, de qui