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— XXXV —

de ce monstre de nature. » S’il était vrai que Guillaume en deviendrait plus soupçonneux et plus difficile à approcher, il était certain aussi qu’elle « le mettrait plus en peine et travail » : car non-seulement ceux qui le tueraient se verraient adjuger la récompense promise, mais encore ils y acquerraient de l’honneur, de la gloire et de la réputation, puisque la chose se ferait par autorité publique du prince, « qui avait le glaive de Dieu pour châtier. » Au surplus, c’était par des motifs bien moins graves et moins urgents que les empereurs, rois et républiques faisaient d’ordinaire « les bannissements, proscriptions et abandonnements de personnes à l’injure et volonté d’autrui. »

Farnèse mit sous les yeux du Roi les deux avis opposés, sans exprimer le sien ; il lui fit parvenir en même temps un projet d’édit conçu dans le sens des instructions qui lui avaient été données. Quelques-uns des ministres pensaient que, si la publication du ban était résolue, il serait à propos de le communiquer préalablement aux députés des provinces réconciliées ; Farnèse demanda au Roi quelle était sa volonté à cet égard (pp. 24-27).

Philippe II approuva le projet d’édit, sauf en un point le rédacteur avait laissé un délai au prince d’Orange « pour se reconnaître ; » Philippe fit retrancher cet article, attendu que « l’obstination du prince était connue, et qu’il n’y avait apparence ni espoir quelconque de résipiscence en lui. » Il manda à Farnèse de faire publier le ban avec le plus de diligence possible, nonobstant les raisons contraires qu’avaient mises en avant quelques-uns des membres du conseil,