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II.


Toutes ces tentatives, concertées dans l’ombre, ayant avorté[1], Philippe II pensa que, par une démonstration éclatante contre le prince d’Orange, il parviendrait mieux à son but. Le 30 novembre 1579, il ordonna à Alexandre Farnèse de faire dresser et publier un édit par lequel la personne ainsi que les biens non encore confisqués de Guillaume de Nassau seraient abandonnés à ceux qui voudraient impunément outrager la première et occuper les seconds ; le même édit promettrait une récompense de 30,000 écus à qui tuerait Guillaume, ou le livrerait vif. Le roi recommandait à son lieutenant de suivre, dans la rédaction de cet acte, la forme du ban décerné par l’Empereur, son père, contre le duc de Saxe Jean-Frédéric et Philippe le Magnanime, landgrave de Hesse[2] ; il désirait qu’on y insistât particulièrement sur les maux causés par le prince d’Orange, et sur les

  1. « Dans son Apologie, Guillaume fait allusion, en ces termes, aux diverses tentatives qui avaient été dirigées contre sa vie : « Il promet xxv mil escus à celui qui me rendra entre ses cruelles mains, mort ou vif. Mais, ores qu’il n’en ait point fait de publication jusqu’à présent, pense-il que je sois ignorant combien de fois lui et les siens ont fait marché avecq les assassineurs et empoisonneurs pour m’oster la vie ? » (P. 121 de l’édition de Leyde.)
  2. Proscription ou ban de l’Empire, décrété par l’empereur Charles V contre Jean-Frédéric, électeur de Saxe, et Philippe, landgrave de Hesse, etc., donné à Ratisbonne, le 20 juillet 1546. Il est en allemand dans DUMONT, Corps diplomatique, t. IV, partie II, pp. 314-317.