Page:Correspondance de Guillaume le Taciturne, prince d’Orange, 1857.djvu/32

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— XXII —

d’employer le fer ou le poison pour faire périr le prince d’Orange soit venue de Philippe lui-même ; mais, en tout cas, le Roi y donna un plein assentiment (p. 3), et, lorsqu’il envoya aux Pays-Bas le grand commandeur de Castille, don Luis de Requesens, il lui recommanda, d’une manière expresse, de chercher des hommes déterminés qui fussent prêts à tuer et le prince et le comte Louis, son frère, sans qu’on pût savoir cependant que la chose se fit par son ordre, ni même qu’il en eût quelque connaissance, « car, disait naïvement son secrétaire Çayas, cela ne conviendrait point (pp. 4 et 5). »

Les documents que nous publions dans ce volume (pp. 1-4), font remonter jusqu’au commencement de 1573 les premières trames ourdies contre la vie de Guillaume de Nassau. Ils révèlent une particularité étrange c’est que l’offre de mettre à mort le prince fut faite au duc d’Albe par un individu qui avait apporté aux Pays-Bas la tête de l’amiral Coligny. Il est à regretter qu’ils ne nous apprennent pas le nom de cet individu ; mais le chanoine Gonzalez, à qui l’on doit un excellent mémoire sur les relations de Philippe II avec Élisabeth d’Angleterre[1], parle d’un capitaine Nicolo, albanais, comme s’étant chargé de l’horrible mission d’assassiner le prince d’Orange, et l’on peut supposer que c’est de lui qu’il est question dans la correspondance d’Albornoz avec Çayas.

Vers le même temps, un Écossais, d’une naissance distinguée, et qui avait été attaché à la maison de Marie Stuart, Jacques Hamilton, alla proposer spontanément

  1. Voy. la note 1 à la p. 2 de ce volume.