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ses troupes de Ruremonde, Herenthals, Tirlemont, Malines, Termonde, Audenarde ; enfin les symptômes d’un soulèvement général du peuple, qui se manifestaient sur divers points du pays, allaient faire repentir Philippe II de son obstination, lorsque la Saint-Barthélemy vint donner une face imprévue aux affaires. Le prince d’Orange, battu devant Mons, et n’ayant plus rien à attendre de la France, se vit obligé de retourner sur ses pas. Toutes les villes qu’il avait occupées en Gueldre, en Brabant, en Flandre, retombèrent l’une après l’autre au pouvoir du duc d’Albe. Il ne lui resta plus que celles de Zélande et de Hollande qui les premières avaient levé l’étendard de l’insurrection.

Dans ces circonstances, la reine Élisabeth crut devoir s’interposer à son tour pour amener un arrangement entre le prince d’Orange et le Roi. Ses ministres firent des ouvertures, à ce sujet, à Antonio de Guaras, qui était chargé, à Londres, des affaires de l’Espagne. Le duc d’Albe, parfaitement instruit des intentions de son maître, les repoussa avec hauteur, et blâma sévèrement Guaras de les avoir écoutées. Il rejeta aussi bien loin celles qu’il reçut, vers le même temps, de la part de l’électeur de Cologne[1].

Ferdinand de Tolède se flattait qu’il ferait aisément rentrer dans le devoir les deux provinces révoltées. Mais il avait compté sans l’énergie des Hollandais et des Zélandais. Ces braves populations opposèrent à ses entreprises une résistance opiniâtre. Il se vit obligé,

  1. Correspondance de {{roi|Philippe|II sur les affaires des Pays-Bas, etc., t. II, pp. 369 et 395.