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d’Orange pour soulever les populations belges, fortifia la confiance du Roi, et elle s’accrut encore par les rapports qu’il recevait de son lieutenant. Le duc d’Albe n’hésitait pas à l’assurer qu’il pouvait être désormais tranquille sur la situation des Pays-Bas, et les regarder même comme étant tout à fait à sa discrétion ; que rien n’y était à craindre, ni du dedans, ni du dehors. Ferdinand de Tolède ajoutait que, quant au prince d’Orange, il aurait assez de peine à se soustraire aux poursuites de ses créanciers[1].

Guillaume, cependant, ne s’était point laissé abattre par l’issue fâcheuse de son expédition de 1568. Dès l’année suivante, il organisait, à l’aide des proscrits des Pays-Bas et de secours fournis par l’Angleterre, ces escadrilles de gueux de mer qui, sous la conduite de Dolhain, de Longastre, de Lumey, du bâtard de Brederode, servirent si puissamment sa cause[2].

  1. Lettres du 5 mai et du 9 août 1570, dans la Correspondance de Philippe II, etc., t. II, pp. 151 et 145.
  2. Ce fut au mois de septembre de cette année que les gueux de mer firent leur première apparition sur les côtes des Pays-Bas. On lit, dans une dépêche que le baron de Ferrals, ambassadeur de France à Bruxelles, adressait à Charles IX, le 5 octobre 1569 :

    « Depuis le commencement du dernier mois de septembre, ung seigneur Doulin, du pays d’Arthois, le bastard de Brederode et le seigneur de Langastre, flamains, fugitifz de ces pays, ont trouvé moyen de recouvrer en Angleterre et aultres portz dix-sept ou dix-huit grandz vaisseaux de guerre, fort bien armés et munis d’artillerye et pouldres, sur lesquelz ilz ont mis deux ou trois mil harquebusiers wallons, aussi fugitifz, et quelques François aussy, et sont allez descendre aux isles de Fly et Tessel, qu’est à l’entrée de la mer et du passage qui va à Amstredam, la