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— V —

Il en fut de même d’un autre factum de fray Lorenço de Villavicencio, religieux de l’ordre des ermites de Saint-Augustin et prédicateur du Roi, qui avait résidé pendant plusieurs années aux Pays-Bas[1]. Si l’on en juge par ce que nous connaissons de ce moine fougueux, sa réponse au prince d’Orange devait être pleine de véhémence et d’acrimonie.

Nous donnons (p. 249) l’état des revenus que Guillaume avait en Bourgogne, en Brabant, dans le Luxembourg, en Flandre et en Hollande, et qui furent frappés de confiscation par ordre du duc d’Albe. Ces revenus étaient considérables ; ils faisaient du prince d’Orange le principal seigneur des Pays-Bas : mais ses charges aussi étaient fort élevées ; il avait des dettes énormes, et il s’était vu obligé déjà de vendre ou d’engager plusieurs de ses terres. La haute noblesse belge était, du reste, presque tout entière, dans une situation analogue.

Lorsqu’il partit pour l’Allemagne, au mois d’avril 1567, le prince d’Orange laissa à Louvain (il le regretta bien depuis) son fils Philippe-Guillaume, comte de Buren ; mais il emmena sa fille Marie, qu’il avait placée à la cour de la duchesse de Parme[2]. En 1570, le duc d’Albe imagina de sommer la comtesse Marie de revenir aux Pays-Bas, dans le délai d’un mois, « pour y estre nourrye, conduicte, régie et gouvernée soubz telz personnaiges qui seroient par lui à ce commis, » sous peine de voir saisir les biens qu’elle tenait de sa mère Anne

  1. Voy., sur ce personnage, la Correspondance de Philippe II sur les affaires des Pays-Bas, t. II, pp. xvi et suiv.
  2. Voy. le t. II, pp. 125 et 571.