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— CXXVIII —

proposa au Roi de lui donner, à titre d’équivalent, quelqu’une des terres du prince d’Orange confisquées en Bourgogne.

La chancellerie de Madrid n’était guère expéditive. Plus de deux années se passèrent avant que le Roi eût pris une résolution, quoique les Gérard se fussent rendus en Espagne pour la solliciter directement, et cette résolution ne faisait pas cesser l’incertitude des solliciteurs : Philippe chargeait son neveu de lui désigner les biens du prince d’Orange qui pourraient être cédés aux héritiers Gérard, en propriété ou en engagement, ou même exposés en vente, au cas que les intéressés, se fondant sur l’édit de proscription, prétendissent être payés en deniers clairs (pp. 223-224).

L’affaire traîna jusqu’en 1590. Alors, et par des lettres patentes du 20 juillet, Philippe II transporta à la mère, aux frères et aux sœurs de Gérard, conjointement, les seigneuries de Lièvremont, Hostal et Dammartin, situées au bailliage d’Aval, siége de Pontarlier, dans le comté de Bourgogne, avec les mêmes droits et prérogatives dont avait joui le prince d’Orange, sur qui elles avaient été confisquées vingt-trois années auparavant. Le Roi se réservait, et à ses successeurs, la faculté de les reprendre, en payant aux héritiers Gérard la somme de 25,000 écus. Ceux-ci n’en pouvaient aliéner aucune partie, et, lorsque les 25,000 écus leur seraient remboursés, ils devraient rendre les trois seigneuries dans le même état qu’ils les auraient reçues. Jacques Gérard, qui était resté à Madrid, avait accepté la donation, aux conditions y attachées. Le préambule des lettres du 20 juillet exalte la « généreuse résolution » et le « grand courage » de