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Aerssens, conseiller pensionnaire de la ville de Bruxelles et l’un des députés du Brabant à l’assemblée des états généraux (pp. 192-193), par l’historien Le Petit[1] et par l’auteur anonyme que nous avons cité il n’y a qu’un instant. Gérard fut conduit au supplice, entre les deux bourreaux qui l’avaient torturé. La question qu’il avait subie la veille lui avait mis les pieds en lambeaux : il n’en marchait pas moins fermement ; il avait l’œil vif et la contenance assurée. On lui avait rasé les cheveux, la barbe et tous les poils du corps, présumant qu’il avait quelque sort sur lui.

Monté qu’il fut sur l’échafaud, on le lia à un poteau qui y avait été dressé : de là — dit Le Petit « il voyoit à œil descouvert embraser le gaufrier et les tenailles qui devoient servir à l’office ; il voyoit le blanc charnier sur lequel il devoit estre taillé en quartiers, les cousteaux et la cognée, sans toutesfois s’en esmouvoir en rien. » Les deux bourreaux commencèrent par rompre, sur une enclume, avec des marteaux de fer, le pistolet qui avait servi à l’assassinat ; comme le marteau de l’un d’eux, s’étant démanché, effleura les oreilles de son compagnon, des rires éclatèrent parmi le peuple, et Gérard sourit aussi. Cela fait, les bourreaux le délièrent, lui ôtèrent son pourpoint, firent tomber son haut de chausses sur ses pieds, en rapprochant et réunissant les pans de sa chemise à l’endroit des parties honteuses ; puis ils l’attachèrent derechef au poteau. Alors, lui prenant la main droite, ils la mirent dans le gaufrier, qui était tout rouge, et l’y laissèrent jusqu’à ce qu’elle fût

  1. Grande chronique de Hollande, liv. XIII, p. 496.