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— CXXI —

qu’il serait écartelé vif ; qu’on lui ouvrirait le ventre, qu’on en tirerait le cœur, pour le lui jeter au visage ; que les quatre quartiers de son corps seraient appendus aux boulevards des portes dites Haechepoorte, Oostpoorte, Ketelpoorte et Waterlooschepoorte, et sa tête exposée au haut d’une pique, sur le Schooltorn, derrière le Prinsenhof (p. 191).

Les historiens protestants ne sont pas d’accord avec les écrivains catholiques sur l’impression que fit au meurtrier la lecture de cette sentence : « De prime face, dit Le Petit, répété par Van Meteren il fut fort perplexe, maudissant l’heure qu’il aprint jamais la pratique à Dôle ; qu’il eût bien voulu avoir esté un pauvre meschanique et simple homme de mestier, pour ne point estre tombé en ce désastre : il déploroit grandement sa mort ; toutesfois il dit enfin, puisque la folie en estoit faite, qu’il falloit qu’il souffrit la folle enchère[1]. » Selon l’auteur d’une relation anonyme reproduite par frère Jean Ballin, dont le manuscrit est à la bibliothèque de Mons, « il ouït fort patiemment et doulcement la sentence, et, icelle finée, il dist ce que le très-sainct martyr sainct Cyprian avoit dit autrefois : Deo gratias. » La seconde version, nous devons le déclarer, nous paraît la plus vraisemblable.

Quoi qu’il en soit, l’exécution de la sentence eut lieu immédiatement après. Nous en connaissons tous les détails d’une manière certaine, car ils nous ont été transmis par trois témoins oculaires : par Cornélis

  1. Grande chronique de Hollande, liv. XIII, p. 496. — Histoire des Pays-Bas, liv. XII, fol. 238 v°.