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tures les plus affreuses. Le patient fut hissé en l’air, le mains liées derrière le dos ; on suspendit à chacun de ses orteils un poids de cent cinquante livres, et on le laissa pendant une demi-heure dans cette position. Au bout de ce temps, on le descendit ; on le plaça nu devant un grand feu ; on lui mit aux pieds des souliers de cuir très-rude, huilés fortement ; on fit couler sur son corps de la graisse ardente, on le brûla sous les aisselles, on lu endossa une chemise trempée d’eau-de-vie, à laquelle on mit le feu. Il resta ainsi deux heures durant. Après, on lui enfonça de longues aiguilles entre les ongles et la chair des doigts (pp. 153, 193). Rien de tout cela[1] ne put vaincre son énergie ; seulement, il confessa que le

    soixante livres, et à maître Willem Willemsz., bourreau de Delft, cinquante livres pour leurs vacations. Comme le fait remarquer M. Arendt (Recherches critiques et historiques sur la confession de Balthazar Gérard, p. 51), ces sommes sont exorbitantes pour l’époque : il fallut, pour qu’on les allouàt aux deux maîtres des hautes œuvres, qu’ils eussent fait un travail tout à fait extraordinaire.

  1. Notre savant confrère M. Arendt (Recherches, etc., p. 25) exprime quelque doute sur la réalité des tortures dont nous donnons le détail, d’après le manuscrit de frère Jean Ballin. Nous voudrions douter comme lui, car de telles atrocités nous font horreur. Mais, après avoir lu bien attentivement la relation reproduite par ce moine, nous la considérons comme l’œuvre de quelqu’un qui était en effet sur les lieux, ainsi qu’il l’atteste, qui fut bien informé, et qui dit la vérité en tout ce qui concerne l’arrestation, le jugement et l’exécution de Balthasar Gérard.

    On remarquera, d’ailleurs, que plusieurs des détails dans lesquels entre cet auteur anonyme sont confirmés par les lettres de Cornélis Aerssens.