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ler d’Assonleville et le cordelier frère Ghéry (pp. 140, 170, 188). Le 11 juillet, la question lui fut donnée une seconde fois. Son impassibilité au milieu des plus eruelles épreuves remplit de stupéfaction tous les assistants « Je n’ay ouy de ma vie, écrivait aux bourgmestres et échevins de Bruxelles le conseiller pensionnaire Aerssens, je n’ay ouy de ma vie une plus grande résolution d’homme ni constance. Il n’a oncques diet ay my ; mais en tous tourmens il s’est tenu sans dire mot, et sur tous interrogatoires a respondu bien à propos et avec bonne suyte, disant quelquefois : Que voulez-vous faire de moy ? Je suis résolu de mourir, aussy d’une mort cruelle. Je n’eusse laissé mon entreprinse, ni encores, si j’estois libre, la laisseroye, combien que je deusse mourir mille morts (p. 188). »

Les états de Hollande, à qui il fut fait rapport du résultat de ce second examen, ainsi que du peu d’apparence qu’il y avait d’arracher, par la torture, d’autres aveux au prisonnier, délibérèrent sur le point de savoir s’il ne serait pas procédé immédiatement à sa condamnation. Comme on attendait encore les députés de plusieurs villes de la province, ils décidèrent qu’on la différerait de quatre ou cinq jours, et qu’on manderait le bourreau d’Utrecht, pour prêter son assistance à celui de Delft, dans une troisième épreuve à laquelle le prisonnier serait soumis (p. 175).

Cette épreuve eut lieu le 13. Les deux bourreaux, jaloux de se surpasser[1], imaginèrent à l’envi les tor-

  1. Il fut payé à maître Jacob Michielsz., bourreau d’Utrecht,