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— CXVII —

mait sa confession ; il dit, de plus, que, dans le cas où il lui aurait été impossible, cette fois, d’exécuter son projet, il serait retourné en France, qu’il s’y serait agrégé à quelque église, et s’y serait conduit de manière à obtenir de ceux du consistoire des lettres qui, en lui fournissant l’occasion de revenir en Hollande, lui donnassent un accès plus facile auprès du prince (p. 140). Il se vanta d’avoir fait une œuvre agréable à Dieu, au Roi et à tout le peuple chrétien ; il ajouta qu’il en avait bien pesé les conséquences ; qu’il s’attendait à être livré au bourreau, et qu’il s’y soumettait volontiers : « Quant est de moy, — poursuivit-il j’ai parfaict ce que, par la grâce de Dieu, j’avoy proposé ; vous autres, a faictes ce que vous semblera estre de vostre office : j’en suis très-content. » On l’appliqua à la question le soir même. Après l’avoir, cinq fois et à outrance, battu de verges, le bourreau lui enduisit de miel tout le corps, et fit venir un bouc, pour qu’il le léchât de sa langue âpre et raboteuse, de façon à lui enlever la chair[1]. Ensuite on le mit dans un van, les pieds liés et garrottés avec les mains en forme de boule (p. 152). D’autres tourments, tels qu’il s’en pratiquait à cette époque, où les formes de la procédure criminelle étaient si barbares, furent encore employés, afin de le forcer à déclarer les complices qu’on lui supposait, et ceux qui l’avaient instigué à commettre le crime : il avoua alors les rapports qu’il avait eus avec le prince de Parme, le conseil-

  1. Selon l’auteur qui nous fournit ces détails, le bouc, plus humain que les bourreaux, ne voulut pas toucher au corps de Gérard. Voy. p. 152.