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— CXI —

promettant de dire toute la vérité ; on satisfit à son désir. Il écrivit alors cette fameuse Confession qu’on n’avait connue, jusque dans ces derniers temps, que par une analyse imparfaite, et dont j’ai eu le bonheur de recouvrer le texte tout entier.

Lorsqu’on lit attentivement cette pièce, il est impossible de n’être pas frappé de la sérénité de l’assassin, dans un moment où tout est douleur et confusion autour de lui ; de sa fermeté, en présence du supplice inévitable qui l’attend ; de sa véracité même, car, s’il se tait sur ses rapports avec le prince de Parme et le conseiller d’Assonleville, pour rester fidèle à la promesse qu’il a faite, et s’il s’abstient, par un motif facile à comprendre, de rappeler les encouragements que le jésuite de Trèves et le cordelier de Tournay ont donnés à son entreprise, il dit tout le reste, depuis le temps où il a conçu la première pensée de l’assassinat jusqu’au jour où il l’a perpétré. Après cela, pas le moindre repentir de l’action abominable qu’il vient de commettre au contraire, il manifeste le regret de n’avoir pu, à cause de la résistance des hallebardiers, décharger son second pistolet sur le prince[1] ; il déclare que, s’il était à mille lieues de Delft, il s’efforcerait d’y revenir, pour le tuer (pp. 168-169). Il ajouta, après avoir remis sa confession au magistrat, que, le prince eût-il été accompagné de cinquante mille hommes de troupes, s’il eût

  1. Cette particularité est consignée dans la Confession de Gérard, et c’est pourquoi nous la rapportons ici ; mais elle n’est pas d’accord avec les détails de l’assassinat, tels qu’ils sont racontés par Le Petit et par les auteurs de la relation officielle.