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senhof, dans la direction des remparts de la ville. Ensuite il vint se placer près de la porte de la salle où le prince dînait, s’appuyant contre un des piliers de la galerie ; il avait les deux pistolets à sa ceinture, du côté gauche, et laissait pendre son manteau du côté droit, afin de détourner les soupçons (pp. 134-155).

Guillaume avait admis à sa table le bourgmestre de Leeuwarden, Rombert Uylenburgh, que les villes de Frise lui avaient envoyé, pour négocier quelque affaire qui les intéressait : c’était le seul convive étranger à la famille, qui se composait, ce jour-là, de la princesse d’Orange, de la comtesse de Schwarzbourg, sœur du prince, et de trois de ses filles, les deux aînées et la plus jeune. Pendant le repas, Guillaume s’entretint avec le bourgmestre Uylenburgh de l’état de la Frise. Le dîner fini, et comme il se levait, il vit entrer dans la salle le colonel anglais Morgan avec plusieurs autres personnes. Il rappela Uylenburgh, qui se tenait en arrière, pour lui parler encore de différentes choses ; il échangea ensuite quelques mots avec le colonel Morgan ; puis il se dirigea vers la porte[1].

Il était à peine sorti de la salle, que Balthasar Gérard, s’approchant, et feignant de lui rappeler sa requête, lui déchargea en pleine poitrine le pistolet dans lequel il avait mis trois balles. Le coup fut si soudain que personne ne put l’apercevoir ni le prévenir. Guil-

  1. Ces détails sont empruntés à une lettre que le bourgmestre Uylenburgh écrivit, le jour même, au magistrat de Leeuwarden, et qui a été publiée dans les Bijdragen voor vaderlandsche geschiedenis en oudheidkunde, de M. NIJHOFF, t II, p. 120.