Page:Correspondance de Guillaume le Taciturne, prince d’Orange, 1857.djvu/116

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— CVI —

Dès lors, il ne cessa plus de songer aux moyens de mettre son projet à exécution (p. 168). Il fréquenta régulièrement les prêches, donnant des marques d’une dévotion outrée, ayant toujours à la main des psaumes ou quelque autre livre de piété. Le plus souvent on lui voyait lire le fameux poëme de la Semaine, du seigneur du Bartas, « auquel dit l’historien Le Petit — l’endroit le plus usé estoit celuy de l’histoire de Judith, où y a quelques traicts pour animer les cœurs à extirper les tyrans[1]. » Quelquefois il priait le portier de lui prêter sa Bible, et il en lisait devant lui l’un ou l’autre chapitre. Il cherchait ainsi à s’insinuer de plus en plus dans la maison du prince (p. 134).

Il n’avait qu’à s’applaudir de ses artifices : car nul des ministres ni des serviteurs de Guillaume n’avait conçu le moindre soupçon de lui. Cependant, comme on se proposait de le renvoyer en France avec des dépêches, on lui dit de se préparer à partir[2], et qu’il n’avait plus que faire au Prinsenhof. Là-dessus il demanda quelque argent, montrant le mauvais état de ses chausses et de ses souliers. Le prince ordonna qu’on satisfît à sa requête. Une douzaine d’écus lui furent comptés le dimanche 8 juillet (p. 134).

Le moyen auquel Gérard s’était définitivement arrêté pour l’assassinat du prince d’Orange, était de lui tirer

  1. Grande chronique de Hollande, liv. XIII, p. 492.
  2. Je suis ici la Grande chronique de Le Petit. Cet historien était à Delft, et l’on ne doit pas s’étonner s’il donne quelques détails qui manquent dans la relation officielle.