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— CII —

Sainte-Agathe, devenu le Prinsenhof. Gérard s’y rendit, et présenta au prince une lettre où il disait avoir à l’entretenir de choses qui intéressaient à un haut degré le service de l’État et le bien de la religion évangélique. Il n’obtint pas d’abord de réponse, malgré ses pressantes sollicitations, et ce fut seulement après plusieurs jours que le prince chargea Villiers de l’entendre. Gérard déclara à celui-ci qu’il s’appelait François Guyon, et était natif de Besançon ; qu’il avait été toujours affectionné au prince, dans la personne duquel il honorait le vicomte de Besançon et le seigneur le plus considérable de toute la haute Bourgogne ; qu’il était depuis longtemps animé du désir de lui en donner des preuves, mais surtout depuis la mort de son père, lequel, après l’entreprise du sieur de Beaujeu sur la ville de Besançon, au mois de juin 1575[1], avait été arrêté comme religion-

  1. Dans la nuit du 20 au 21 juin 1575, les réformés bannis de Besançon, assistés de plusieurs de leurs coreligionnaires, allemands et français, et conduits par un gentilhomme lorrain, nommé Paul de Beaujeu, pénétrèrent dans cette ville par escalade. Ils arrivèrent jusqu’à la place de Saint-Quentin mais là, le sire de Vergy, gouverneur de la Franche-Comté, et l’archevêque Claude III de la Baume, ayant réuni à la hâte tout le monde dont ils pouvaient disposer, les combattirent et les mirent en fuite. Un grand nombre fut massacré ; d’autres périrent dans le Doubs, en essayant de se sauver à la nage. Ceux qui tombèrent aux mains du gouverneur et de l’archevêque furent, ou pendus, ou décapités, ou écartelés, ou traînés sur la claie. (Voy. l’Histoire de la Franche-Comté, par M. Eugène Rougebief. Paris, 1851, in-8o, p. 467.)

    Dans les Archives curieuses de l’histoire de France, publiées par MM. Cimber et Danjou, 1re série, t. IX, pp. 155 et suiv., on