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— XCVI —

Jésus ; qu’il faisait tout ce qui était en son pouvoir pour l’introduire dans les provinces des Pays-Bas où l’autorité du Roi était reconnue, et que, dans ce temps-là même, il s’occupait de l’érection d’un collége de la société à Luxembourg[1].

Gérard se rendit, sans perdre de temps, à Tournay. Admis le 21 mars (1584) à l’audience du prince de Parme, il lui présenta un écrit où, après avoir exprimé son étonnement de ce que, depuis le biscaïen Jaureguy, nul des vassaux, soldats, serviteurs et sujets du Roi ne s’était mis en devoir d’exécuter la sentence rendue contre Guillaume de Nassau, il annonçait l’intention bien arrêtée de s’en charger lui-même : « J’ay maintes fois, et quasi par inquiétude d’esprit, — disait-il — pourpensé aux moyens qui seroient propres pour satisfaire de ma part à ce devoir et service deu à Dieu, au Roy et à la république ; finalement me suis advisé de donner une amorce à ce renard pour avoir accès vers luy, afin de le prendre en temps opportun, et si proprement qu’il n’en puisse échapper. » Il ne s’expliquait pas sur le plan qu’il avait conçu ; mais il offrait d’en donner connaissance au prince, s’il approuvait son entreprise, et il lui déclarerait en même temps comment on pourrait découvrir quelques-uns des espions des ennemis, ainsi que les traitres qu’il y avait dans le parti du Roi. Il terminait en assurant qu’il « ne pourchassoit de faire cet exploit, pour raison du prix et faveur mentionnés en ladite sen-

  1. Voy. sa correspondance avec le comte de Mansfelt, aux Archives du royaume.