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été mandées par le prince de Parme[1], il se disposait à les accompagner : une maladie qui survint à son cousin, et qui dura plusieurs semaines, l’en empêcha. C’était en décembre 1585. Enfin, au mois de mars de l’année suivante, il prit son congé de lui-même, partant à l’insu du comte de Mansfelt et contre le gré de son cousin, à qui il dit qu’il se rendait en Espagne.

Il n’était pas cependant sans scrupules sur l’action qu’il voulait commettre, et il craignait aussi de faire quelque chose qui nuisît au service du Roi. Pour tranquilliser sa conscience, il alla à Trèves déclarer, en confession, à un père de la compagnie de Jésus, régent du collége de cette ville, le projet dont son esprit était agité. Le père jésuite l’encouragea, lui dit qu’il prierait Dieu pour lui, et que, s’il mourait dans cette entreprise, il serait mis au nombre des martyrs[2] ; mais il lui conseilla, avant tout, de communiquer son dessein au prince de Parme. Disons, en passant, qu’Alexandre Farnèse montrait beaucoup de sympathie pour la société de

  1. Sur ce fait, comme sur tous les précédents, à partir du mois de mars 1582, date de l’arrivée de Gérard à Luxembourg, nous avons consulté la correspondance du comte de Mansfelt avec le prince de Parme et d’autres documents officiels, et nous les avons trouvés en parfait accord avec la Confession de Gérard. Ainsi nous voyons, par une lettre de Farnèse au marquis de Roubaix, du 17 janvier 1584, que les deux compagnies wallonnes du comte Octavio de Mansfelt venaient d’arriver de Luxembourg à Tournay.
  2. Nous suivons ici l’aveu fait par Gérard, après qu’il eut été mis à la torture, et qui nous paraît plus vraisemblable que ce qu’il dit là-dessus dans sa Confession.