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échappait ainsi. Ce motif le détermina à demander son congé ; toutefois, sur les instances de son cousin, il consentit à rester encore avec lui, dans l’espoir que le comte repartirait bientôt pour le camp ; on lui en donnait l’assurance, et il pouvait d’autant plus y croire, que Mansfelt lui-même annonçait sa prochaine arrivée au prince de Parme[1].

Cependant l’état des affaires publiques ne permit pas au gouverneur du Luxembourg de s’éloigner de cette province. Gérard alors imagina quelque fàcherie avec son cousin, afin d’y trouver matière à une séparation. À la suite de cette querelle, il présentà à la signature du comte de Mansfelt un passe-port qu’il avait fait pour lui ; mais, avant de le signer, le comte voulut avoir l’avis de son secrétaire, qui l’en dissuada. Gérard demeura forcément, de la sorte, à Luxembourg.

Depuis, il essaya d’autres expédients pour en partir, sans y réussir mieux. Sur ces entrefaites, il arriva qu’on prit, dans le coffre du secrétaire Dupré, quatre cent cinquante écus ; Gérard, craignant que la malveillance ne lui imputât ce larcin, s’il insistait sur sa démission dans une pareille conjoncture, résolut de continuer provisoirement son service. Quelque temps après, l’argent volé se retrouva ; alors il ne songea plus qu’à profiter de la première circonstance qui pourrait favoriser sa retraite. Deux compagnies d’infanterie wallonne cantonnées dans le Luxembourg, et qui appartenaient au régiment du comte Octavio de Mansfelt, fils du gouverneur, ayant

  1. Lettre du 10 juin 1585, écrite de Luxembourg. (Archives du royaume.)