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SUR HÉRACLIUS 41

11 a le cœur plus dtir étant fils d'un tj-rau. La générosité suit la belle naissance T La pitié l'accompague et la reconnaissance. Dans cette grandeur d'ànie un vrai prince atîermi Est sensible aux malheurs même d"un ennemi; La haine qu'il lui doit ne saurait le défendre. Quand il s'en voit aimé, de s'en laisser surprendre, Et trouve assez souvent son devoir arrêté Par l'elTort naturel de sa propre bouté.

Dans ces contestations un peu subtiles, c'est Héraclius qui a rai' son, et Pulchérie semble bien impitoyable. Mais ne nous y trompons pas ; le véritable intérêt s'attache maintenant à Phocas : c'est l'in- certitude où il se débat qui est vraiment dramatique. La plus belle, ou serait tenté de dire la seule belle scène du cinquième acte est celle où Phocas fait un dernier effort pour arracher la vérité à Héraclius.

PHOCAS.

Pour la dernière l'ois, ingrat, je t'en conjure : Car entia c'est vers toi que penche la nature. Et je n'ai point pour lui ces doux empressements Qui d'un cœur paternel fout les vrais mouvements. Ce cœur s'attache à toi par d'iuvmcibles charmes. En crois-tu mes soupii's? eu croiras-tu mes larmes? Songe avec quel amour mes soins t'ont élevé, Avec quelle valeur son bras t'a conservé; Tu nous dois à tous deux.

HÉRACLIUS.

Et pour reconnaissance Je vous rends votre fils, je lui rends sa naissance.

PHOCAS.

Tu me l'ôtes, cruel, et le laisses mourir.

HÉRACLIUS.

Je meurs pour vous le rendre, et pour le secourir.

PHOCAS.

C'est me l'ôter assez que ne vouloir plus l'être.

HÉRACLIUS.

C'est vous le rendre assez que le faire connaître.

PHOCAS.

C'est me l'ôter assez que me le supposer.

HÉRACLIUS.

C'est vous le rendre assez que vous désabuser.

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