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SUR AGESILAS 491

C'est une Bérénice (la Bérénice de Corneille) sans la Heur de grâce et de passion. Ame médiocre, Agésilas hésite longtemps; se venger de Lysander, épouser Mandane, fouler aux pieds les lois : telle est sa première tentation, assez naturelle. Le prudent Xéuo- clès, conMeut modèle, l'arrête sur la pente dangereuse ;

XÉNOCLÈS.

Qu'il serait magnanime

De vaincre la vengeance et l'amour à la i'oisl

AGÉSILAS.

11 faudrait, Xénoclès, une âme plus sublime.

XÉNOCLÈS.

Il ne faut que vouloir ; tout est possible aux rois.

Comme il sied dans un drame cornélien, après un long combat orageux, c'est Ife devoir qui l'emporte :

��Mais enfin il est beau de triompher de soi

Et de s'accorder ce miracle Quand on peut hautement donner à tous la loi. Et que le juste soin de combler noti'e gloire Demande noti'e cœur pour dernière victoire. Un roi né pour l'éclat des grandes actions

Dompte jusqu'à ses pas.sions, Et ne se croit point roi s'il ne fait sur lui-même Le plus illustre essai de son pouvoir suprême.

Il pardonne donc et il se sacrifie avec une grandeur qui, cette fois, nous rappelle la clémence généreuse d'Auguste. Lysander est mandé ; tous les détails du complot lui sont révélés ; il courbe sa tête inflexible, mais se voit pardonné presque aussitôt qu'accablé.

��Eh bien! vos mécontentements

Me seront-ils encore à craindre ? Et vous souviendrez-vous des mauvais traitements Qui vous avaient donné tant de lieu de vous plaindre?

LYSANDER.

Je vous ai dit, Seigneur, que j'étais tout à vous ; Et j'y suis d'autant plus que, malgré l'apparence. Je trouve des bontés, qui passent l'espérmce Où je n'avais cru voir que des soupçons jaloux.

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