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SUR IIÉHACLIUS 15

entière la im'^e où il étale ses « falsitications » av^c plus de lierté que de rcpeutir :

« Voiei uue hardie entreprise sur l'histoire, dont vous ne reeon- naitrez aucune chose dans cette tragédie, que l'ordre de la succes- sion des empereurs Tibère, Jlaurice, Phocas et Héraclius. J'ai fal- sifié la naissance de ce dernier; mais ce n'a été qu'en sa faveur, et pour lui en donner une plus illustre, le faisant fils de l'empereur Maurice, bien qu'il ne le fût que d'un préteur d'Afrique de même nom que lui ' . J'ai prolongé la durée de l'empire de sou prédéces- seur de douze années, et lui ai donné un fils, quoique l'histoire n'en parle point, mais seulement d'une fille nommée Domitia, qu'il maria à un Priscus ou Grispus. J'ai prolongé de même la vie de l'impératrice Constautinc, et comme j'ai fait régner ce tyran vingt ans au lieu de huit, je n'ai fait moudr cette princesse que dans la quinzième année de sa tyrannie, quoiqu'il l'ei'it sacrifiée à sa sû- reté avec ses filles dès la cinquième. Je ne me metti-ai pas en peine de justifier cette licence que j'ai prise; révéuemeut l'a assez justi- fiée, et les exemples des anciens que j'ai rapportés sur /}of/o.7i<>(c' semblent l'autoriser sufasamment; mais, à parler sans fard, je ne voudrais pas conseillera personne delà tirer en exemple. C'est beaucoup hasarder, et l'on n'est pas toujours heuteux; et, dans un dessein de cette nature, ce qu'un bon succès fait passer pour uue ingénieuse hardiesse, uu mauvais le fait prendre pour une témé- rité ridicule.

(iBarouius, parlant de la mort de l'empereur Maurice et de celle de ses fils, que Phocas faisait immolera sa vue, rapporte une cir- constance très rare, dont j'ai pris l'occasion de former le nœud de

cette tragédie, à qui elle sert de fondement Cette nourrice eut

tant de zèle pour ce malhcui'eux prince, qu'elle exposa son propre fils au suppplice, au lieu d'un des siens qu'on lui avait donné à nourrir. Maurice reconnut l'échange, et l'empêcha par une con- sidération pieuse que cette extermination de toute sa famiUo était un juste jugement de Dieu, auquel il n'eût pas cru satisfaire s'il eût souffert que le sang d'un autre eût payé pour celui d"uu de ses fils. .Mais quant h ce qui était de la mère, elle avait surmonté l'affection maternelle en faveur de son prince, et l'on peut dire que son enfant était mort pour sou regard. Comme j'ai cru que

1. Voyez le livre de M. Drapcyron, l'Empereur Héraclius et l'Empire byzantin au septième siècle; Thorin, in-S°.

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