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-16 NICOMÈDE

Et sans plis l'abaisser à cette ignominie

D'idolâtrer en vain la reine d'Arménie.

Songez qu'il faut du moins, pour toucher votre cœur,

La fille d'un tribun ou celle d'un préteur;

Que Rome vous permet cette haute alliance, 175

Dont vous aurait exclu le défaut de naissance,

Si l'honneur souverain de son adoption

Ne vous autorisait à tant d'ambition.

Forcez, rompez, brisez de si honteuses chaînes ;

Aux rois qu'elle méprise abandonnez les reines, 180

Et concevez enfin des vœux plus élevés,

Pour mériter les biens qui vous sont réservés.

��Si cet homme est à vous, imposez-lui silence,

Madame, et retenez une telle insolence.

Pour voir jusqu'à quel point elle pourrait aller, 185

J'ai forcé ma colère à le laisser parler;

Mais je crains qu'elle échappe, et que, s'il continue,

Je ne m'obstine plus à tant de retenue.

KICOMÈDE.

Seigneur, si j'ai raison, qu'importe à qui je sois?

Soiis qui notis tremblons tous, ironie plas manifeste encore, puisque Niconiède et Laodice, eux, du moins, ne tremblent pas. 173. Du moins pour au moins, comme au v. 224.

175. Yar. Que c'esl à ces partis que Rome vous rtesline,

Slais lient vous exclurait enfin voire origine. (1651-56.) Que Rome vous promet cette haute alliance. (1660 et 63.)

178. Var. Ne vous autorisait à cette ambition. (1G31-5G.)

179. Forcer est souvent pris au sens moral pour s'affranchir, vaincre. Voyez le r. 1526.

Forcez, en ma faveur, une trop juste haine. [Pompée, 1222.)

182. « Tout ce qu'il fermentait de révolte et de vengeance comprimée dans les cœurs des .\siatiques sous la conquête romaine éclate ou plutôt se joue avec un plaisir amer dans ce discours, n (Naudet.)

1S3. Etre à quelqu'un, être le « domestique n de quelqu'un, comme La Bruyère l'était des Condé, c'était appartenir à sa maison. Au xvii" siècle, dépendre d'un prince ou d'un grand soigneur était une nécessité absolue pour ceux dont le talent formait la principale richesse. Corneille lui-même écrivait à Richelieu : B Depuis que j'ai I honneur d'être à Votre Eminence. » (Epître A' Horace.)

187. Sur craindre que non suivi de la négation, voyez la note du v. 156.

188. On emploie plutôt aujourd'hui s'obstiner à suivi d'un infinitif; mais Cor- neille écrit s'obstiner à ou dans un sentiment quelconque :

Puis, tout triste et pensif, il s'obstine au silence. {Pompée, 790.) Il s'obstine pour vous au refus de ma main. {Sertoriui, 1763.)

Il ne parait pas que la tournure soit si mauvaise, puisque M. Godefroy en cite des exemples chez J, de Maistre, Chateaubriand, Lamartine. — Le caractère d'At-

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