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166 NICOMÉDE

On devine l'étonnement, cest peu dire, la tristesse et l'iii- dipnation de Sira. Des scrupules chez le lîls d'une telle mère !

Valus sentimeuts de mère, importune tendresse , On reçoit vos faveurs avec tant de faiblesse ! J'ai mis au monde un fruit indigne de mon rang, Et ne puis en mon fils reconnaître mon sang. Nourri si dignement, et né pour la province *", Il n"a pu contracter les sentiments d'un prince. Et l'otire qu'on lui fait d'un pouvoir absolu Peut trouver en son sein un cœur irrésolu !

��Non seulement elle s'irrite, mais elle ne comprend pas. Après avoir prié, elle impose sa volonté, ou plutôt celle de Cos- roès, qui est la sienne. En vain Mardesane supplie les dieux de sauver sa vertu de l'amour d'une mère, il l'aul qu'il cède, et il cède en gémissant, avec le triste pressentiment de l'ave- nir qui l'attend :

En m'honorant, Seigneur , craignez de m'innnoler. Qui veut faire usurper un droit dlégitime Souvent, au lieu d'uu roi, couronne uue victime... Vous voulez que je règne, il faut vous obéir; Mais je monte à regret, assuré de ma chute.

Il est vrai que son frère Siroès, l'héritier légitime, lui a sauvé la vie autrefois dans un combat, et qu'il s en souvient ; mais la situation est intéressante, et le deviendrait surtout si le caractère de Siroès était mieux tracé. Par malheur Siroès n'a pour lui ni la hauteur d'ironie de Nicomède, ni sa vail- lance qui ne connaît point d'obstacles. Et pourtant il est, comme Nicoméde, aussi populaire que son père l'est peu :

Comme un soleil naissant le peuple vous regarde; Et, ne pouvant souffrir celui qui vous retarde. Déteste de le voir, si près de son couchant, Traîner si loin son âge imbécile et penchant.

Mais ce père, plus malheureux que méprisable, n'est pas un Pru^ias, et c'est le fils que Hotrou a voulu peindre surlout en Siroès, lefi^lsqui, dépossédé par son père, hésite longtemps

��1. C'est-à-ilire : ué pour gouverner l'Etat.

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