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souvent des reyards de Voire Enii«once, n'a pas les mêmes lumières à se conduire qu'ont celles qui en sont continuelle- ment éclairées. Et certes, Monseigneur, ce changement visible qu'on remarque en mes ouvrages depuis que j'ai l'honneur d'être à Voire Eminence', qu'est-ce autre ciiose qu'un elîetdes grandes idées qu'elle m'inspire quand elle daigne souffrir que je lui rende mes devoirs ; et à quoi peut-on attribuer ce qui s'y mêle de mauvais, qu'aux teintures grossières que je re- prends quand je demeure abandonné à ma propre faiblesse? Il faut, Monspigneur, que tous ceux qui donnent leurs veilles au tliéàti'e publient hautement avec moi que nous vous avons deux obligations très signalées : l'une, d'avoir ennobli le but de l'art ; l'autre, de nous en avoir facilité les connaisances. Vous avez ennobli le but de l'art, puisque, au lieu de plaire au peuple que nous prescrivent nos mailres, et dont les deux plus honnêtes gens de leur siècle 2, Scipion et Lœlie, ont autrefois protesté de se contenter, vous nous avez donné celui de vous plaire et de vous divertir; et qu'ainsi nous ne rendons pas un petit service à l'Etat, puisque, contribuant à vos divertissements, nous contribuons à l'en- trelien d'une santé qui lui est si précieuse et si nécessaire'. Vous nous en avez facilité les connaissances, puisque nous n'avons plus besoin d'autre étude pour les acquérir que d'at- tacher nos yeux sur Voire Eminence quand elle honore

à leur gloire et à l'utilité dont elles étaient aui comédiens. » (Voltaire). C'e«t en 1GG2 seulement qu'il vint se fixera Paris.

1. « Une pension de cinq rcnts écus, que le grand Corneille fut réduit à rece- voir, ne parait pas un titre suffisant pour dire : J'ai l'honneur d'être à Son Emi- nence. » (Voltaire). Le châtelain de Fcrney en parle à son aise. I! ne faut exagérer ni la valeur d'une formule dont les écrivains les moins serviles faisaient volon tiers usage, ni la ria-ueur d'une condition qui n'excluait pas la liberté da l'esprit, pas plus que l'iiiilépendance ds caractcie. « Kire à quelqu'un », c'était le seul moyen d'être quelque chose ; c'étuit une nécessité absolue pour ceux dont le talent formait la principale richesse.

2. Les deux plus ho'viétcs i/enit de leur siècle, les deux hommes de l'esprit le plus poli. Voici le passjige du prologue de l'Andrienne, auquel Corneille fail allusion :

Poëta, quam primam animnm ad aeribendam adpolit, Id sibi ncgoU creJidit solum dari. Populo ut placèrent quas fecisset fabnlas.

« Corneille, dit M. Géruzez, eiagtre ici l'opinion problématic^ue qui fait di Scipion et de Lœlius les collaborateurs de Térence. Sans doute, il veut flatter le cardinal-ministre en dépouillant l'aflVanchi Térence au profit des deux patriciens, SCS protecteurs. » C'est prêter gratuitement à Corneille des intentions bien ma chiavéliqucs : Térence lui-même, dans ses prologues, ne se défend pas de celte illustre coll iboration, et un passage de Suétone semble prouver que cette colla- boratiun fut réelle.

3. Peu de temps après, Richelieu mourait; il ^tait déjà frappé quand Coriieill«  formait ces vœux pour lui.

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