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3g HORACE

volontiers : le héros d'Horace, ce sont les Horaces; c'est la oe?JS Horatta tout entière. _ . -j i „

Geotfi-oy critique âpre et dogmatique, souvent pedantesque, mais presque toujours sensé, lorsque ses préjugésne sont pas en ieu est le premier, croyons-nous, qm ait ose écrire : « Le n'est pas seulement le sort des Romains qui nous interesse, mais celui de cette famille. La tragédie n'est fmie que par le iu^ement du procès qui décidera du sort des principaux per- sonnages' » Dans les premiers actes, le héros, c est le peuple romain c'est Rome naissante, incnrnée en l'un de ses enfants L'amour de la patrie enflamme donc toute cette partie du drame cornélien. Dans la seconde partie, c'est un père qui parle en faveur du meurtrier de sa fille, et ce meurtrier est son fils; par suite, c'est l'image de la famille, et non plus de la patrie, qui doit y présider. Qui ne voit, dès lors, par quel lien étroit sont unies ces deux actions, distinctes en apparence inséparables en réalité? Ici, les atfections de famille étaient en lutte avec le patriotisme; là, c'est encore 1 esprit romain mii nous sera peint dans l'intérieur d une famille. Le poète ïous avait montré d'abord l'influence des affaires publiques sur le sort particulier des membres de la gens Horatia; le meurtre de Camille n'est qu'un malheur de plus dû a cette même cause et frappant les mêmes personnes, puisque la mort de Camille est la conséquence naturelle de la mort de Curiace, et que, comme son fiancé, elle est sacrifiée aux exi- gences d'un patriotisme tyrannique. D'autre part, le procès d'Horace est la conséquence de son crime, et c'est Ronie qui l'absout qui le glorifie presque d'avoir mis la patrie au-dessus de lafaiiiille. Le sort de la patrie est fixé au début du qua- trième acte; mais le sort de la famille n'est fixe qua la lin du cinquième acte; or, il faut qu'il soit fixé et que la série de ces dangers, qui s'enchaînent par une sorte de fatahte, soit définitivement épuisée. Il n'y a donc pas là, comme on 1 a prétendu, trois tragédies, mais trois incidents connexes d un drame unique. , • i j i

Si la famille des Horaces occupe le premier plan de la tragédie, on ne saurait prétendre que le vieil Horace en soit le héros unique. Mais il faut avouer qu'aux yeu.x des modernes il en semble le personnage principal, et qu en tout cas il est le seul qui demeure toujours digne de notre admiration sans décourager jamais notre sympathie. Dès qu il se montre, sa tranquille hauteur d'âme nous fait oubher tout le reste. Autour de lui, tous s'agitent et prennent parti; lui, garde 1 au-

��I. Cmt* de littérature dramatique.

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