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ACTE IV, SCÊXE III 147

Le déplorable état où je vous abandonne

Est bien digne des pleurs que mon amour vous donne; 1260

Et si l'on peut au ciel sentir quelques douleurs,

J'y pleurerai pour vous 1 excès de vos malheurs:

Mais si, dans ce séjour de gloire et de lumière,

Ce Dieu tout juste et bon peut souffrir ma prière,

S'il y daigne écouler un conjugal amour, t26o

Sur votre aveuglement il répandra le jour.

Seigneur, de vos bontés il faut que je l'obtienne; Elle a trop de vertus pour n'être pas chrétienne : Avec trop de mérite il vous plut la former. Pour ne vous pas connaître et ne vous pas aimer, 1270

Pour vivre des enfers esclave infortunée. Et sous leur triste joug mourir comme elle est née.

1260. Polyeucte semble vouloir ici se tromper lui-même en trompant Pau- ine ; car c« n'est point là, il le sent, ce qui le fait pleurer. — Donner a ici la

gens d'accorder. Dans Horace (v. 105), Corneille dit aussi : « donner des pleurs », et ne craint même pas d'écrire :

Sire, ne donnez rien à mes débiles ans. (1705.)

1261. Var. Et si l'on pent an ciel emporter des douleurs,

J'en emporte de voir l'excès de vos malbears, (1643-16B6.)

1265. Cette construction de l'adjectif avant le substantif est familière aux poètes du xvn" siècle, qui aimaient à dire «n sacré nœud, la natale terre, etc.

Souffre une folle ardeur qui ne vivra qu'un jour.

Et qui n'affaiblit point le conjugal amour. {Illusion, 1488.)

1268. « Je me souviens qu'autrefois l'acteur qui jouait Polyeucte, avec des eants blancs et un grand chapeau, était ses çants et son chapeau pour faire sa prière à Dieu. » (Voltaire.) — « Pauline est dirigée par l'idée du devoir, Polyeucte par l'idée de la foi religieuse. Ces idées, admirablement propres à élever l'âme et à exalter l'imagination, développent dans les dpux personnages un sentiment très passionné ; mais ce gentiment lui-même se fonde sur un principe. Quand Polyeucte s'écrie :

Grand Dieu, de vos bontés il faut qne je l'obtienne : Elle a trop de vertu pour n'être pas chrétienne.

C'est rinûexibilité du principe : Hors de l'Église, point de salut, qui produit ce mouvement si touchant et si vrai. « (M. Gcizox, Corneille et son temps.)

1271. Esclave des enfers, assujettie à la domination des faux dieux, du démon, pour parler comme Polyeucte. Au v. 1748, esclave sera encore pris au figuré.

EiClavi des grandeurs où vous êtes monté. (Cinna, 466.)

itn. Oh ! si de mon désir l'effet pouvait éclore!

Ma sœur, c'est le seul nom dont je le puis nommer,

Qae sons de dooees lois nous nous plairions aimer I

Tu saurai que la mort, par qui l'âme est ravie.

Est la fin de la mort plutôt que de la vie,

Qu'il n'est amour ni vie en ce terrestre lieu, - . r- ttt »

Et qu'on ne peut s'aimer ni vivre qu'avec Dieu. (Rotbod, Saint Genett, In, ♦.)

« Si Pauline est païenne de naissance, par l'éducation du foyer, avec une sorte de candeur ingénue, elle a déjà les délicatesses d'une conscience à laquelle ne Mt plu* défaut (}ua 1« iigue «stéheur d'an cbrisUaikisiue latent qui s'igntftt

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