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ACTE III, SCÈNE H 118

Si peu que j'ai d'espoir ne luit qu'avec contrainte ; En naissant il avorte, et fait place à !a crainte ; Ce qui doit l'affermir sert à le dissiper. Dieux I faites que ma peur puisse enfin se tromperl

��SCENE IL

PAULINE, STRATONICE. PAULINE.

Mais sachons-en l'issue. Eh bien, ma Stratonice, 765

Comment s'est terminé ce pompeux sacrifice? Ces rivaux généreux au temple se sont vus?

STRATOîNICE.

Ah! Pauline!

PAULINE.

Mes vœux ont-ils été déçus? J'en vois sur ton visage une mauvaise marque. Se sont-ils querellés ?

STRATONICE.

Polyeucte, Néarque, 770

Les chrétiens...

PAULINE.

Parle donc : les chrétiens...?

STRATONICE.

Je ne puis.

PAULINE.

Tu prépares mon âme à d'étranges ennuis.

761. Si peu que j'ai, le peu que j'ai d'espoir. Dans son Lexique, M. Gode- froy cite de nombreux exemples de cette tournure en prose : « Il manquait déjà beaucoup de choses à son armée : 1° de l'eau pour boire, les ennemis ayant empoisonné si peu qu'il y en avait de bonne. (Mézeray, Abrégé de l'histoire de France.) — « Si peu qu'il en sanait lui donnait un grand goût des sciences. » {Ibid.) C'est, comme le remarque M. Chassang, une tournure analogue au si quid des Latins.

765. En ne se rapporte point, comme le veut Voltaire, au mot peur, ex- primé dans le vers précédent, mais à l'idée dont Pauline est obsédée, celle le cette cérémonie si dangereuse où les deux rivaux ont dû se voir.

770. Il est surprenant que Voltaire, délenseur si jalou.x du « style noble », a'ail point remarqué que ie quereller appartenait au langage de la comédie. Il est vrai que Corneille en a relevé la familiarité par l'emploi qu'il en a su faire. Il n'y a donc point de style noble, à proprement parler, mais une façon plus ou moins noble d'employer les mots, même les plus familiers.

772. Etranges, peut sembler faible, mais ne l'était pas au temps de Corneille, ^ui, comme Kacine, l'emploie dans les situations les plus pathétiques;

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