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ACTE II, SCÈNE I 93

SÉVÈRE.

Soutiens-moi, Fabian; ce cuup de foudre est grrand, Et frappe d'autant plus, que plus il me surprend.

FABIAN.

Seigneur, qu'est devenu ce généreux courage?

SÉVÈRE.

La constance est ici d'un diftîcile usage : ^ 410

De pareils déplaisirs accablent un grand cœur;

La vertu la plus mâle en perd toute vigueur;

Et, quand d un feu si beau les âmes sont éprises,

La mort les trouble moins que de telles surprises

Je ne suis plus à moi, quand j'entends-ce discours. 413

Pauline est mariée !

FABIAN.

Oui, depuis quinze jours, Polyeucte, un seigneur des premiers d'Arménie, Goûte de son hymen la douceur infinie.

SÉVÈRE.

Je ne la puis du moins blâmer d'un mauvais choix : Polvpucte a du nom, et sort du sang des rois. 420

Faibles soulagements d'un malheur sans remède!

��407. Coup de foudre, pris au figuré, se retrouve au v. 13G7. Corneille emploie •nssi en ce sens coup de tonnerre :

Par un coup de tonnerre il vaut mieux en sortir. {Rodogune, 1530.)

Eb bien, madame, il faudra se rés ludre

A Toir snr votre sort lombei ce coup de foudre. (Rotrou, Venceslas, III, 3.)

408. « Comment un coup de fuudre frappe-til d'autant plus qu'il surprend? P faut que la métaphore soit juste. "(Voltaire.) La métaphore est juste, observe M. Geruzez, car il est d'expérience que la surprise ajoute à la force du coup dont on est frappé.

409. Sur courage, pour cœur, fermeté, voyez les notes des v. 170 et 332.

410. Sévère fait à Fabian une réponse qui rappelle la raavime de La Rr ;he foucauld : Il La philosophie triomplie aisément des maux passés et des ma.x à Tenir, mais les maux présents triomphent d'elle. »

15. yiir. J'ai de la peine eneora à croire tes discours. (16V3-H60.)

420. Nom, pris au figuré, a un double sens : celui de réputation et celui de noblesse :

On simple bénéfles et quelque peu de nom. (Régnibr, Satire III.)

Avez-vous pn penser ua'au sang d'Agameinnon

Achille préferâL une fille sans njm? (Raci.ne, Iphigénie, II, 5.)

M"* de Sévigné nous apprend (lettre du 31 décembre 1670) qu'elle fît une heureuse application de ces vers à Lauzun, dont M"» d-» Mon'pensier lui vantait la noblesse, et que la princesse, ravio de la citation, l'embrassa fort; il est vra que, le soir même, le projet de mariage entre Lauzun et Mademoiselle était ronjpu •ur l'ordre du roi.

421. M. Gidel rapproche de ce vers le mot connu de Virgile :

Solatia lactiu

BxiKaa ingentis.

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