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Toujours prête à le prendre; el jamais ma raison 19o

N'avoua de mes yeux l'aimable trahison.

Il possédait mon coeur, mes désirs, ma pensée;

Je ne lui cachais point combien j'étais blessée.

Nous soupirions ensemble et pleurions nos malheurs ;

Mais, au lieu d'espérance, il n'avait que des pleurs; 200

Et, malgré des soupirs si doux, si favorables,

Mon père et mon devoir étaient inexorables.

Enfin je quittai Rome et ce parfait amant.

Pour suivre icj mon père en son gouvernement;

Et lui, désespéré, s'en alla dans l'armée 203

Chercher d'un beau trépas l'illustre renommée.

Le reste, tu le sais. Mon abord en ces lieux

Me fit voir Polyeucte, et je plus à ses yeux;

Et, comme il est ici le chef de la noblesse,

Mon père fut ravi qu'il me prît pour maîtresse, 210

Et par son alliance il se crut assuré

D'être plus redoutable et plus considéré :

Il approuva sa flamme, et conclut l'hyménée;

Et moi, comme à son lit je me vis destinée,

Je donnai par devoir à son affection 215

fout ce que l'autre avait par inclination.

Si tu peux en douter, juge-le par la crainte

Dont en ce triste jour tu me vois l'àme atteinte.

Mais parmi ce plaisir quel chagrin me dévore ? (RACINE. Britannicus, 695.) Force moutons parmi la plaine, (La Fontaine, Fables, XI, 1.)

« D'où lui venait, parmi une telle agitation, une si grande tranquillité'? » (BOSSUET, Panégyrique de saint Georges.) 198. Sur blessée, voyez la note du v. 103. 207, Mon abord, mon arrivée, sans aucune idée de voyage par mer :

Voire abord en ces liens les eût déshérités. [Rodogune. 1730.) Déjà Ja leur abord la noavelle est semée. (Racine, Iphigénie, I, *.)

21O. Dans le langage des poètes du xviie siècle, les mots de maitresse et d'amants s'appliquent , sans aucune nuance de mésestime, à toutes les personnes qui s'aiment et se recherchent en mariage.

212. Voilà le caractère intéresse de Félix trahi avant même que Félix ait paru, et trahi par sa fille.

216. Il Rien ne parait plus neuf, plus singulier et d'une nuance plus délicate. Quoi qu'on en dise, ce sentiment peut être très naturel chez une femme sensible et honnête. Ceux qui ont dit qu'ils ne voudraient de Pauline ni pour femme, ni pour maîtresse, ont dit un bon mot qui ne dérobe rien à la beauté extraordi- naire du car-ictère de Pauline. Il serait à souhaiter que ces vers fussent aussi délicats par l'expression que par le sentiment. Affection, inclination ne ter- minent pas un vers heureusement. « (Voltaibe.) Rodogune dira de même & Laonice :

L'hymen me le rendra précieux à son tour,

Et le devoir fera ce qu'aurait fait l'amour. (I. 3.)

818. Var. Dont encore pour loi tu me vois l'âme atteinte.

— Je vois que vous l'aimez autant qu'or, peut aimer.

Ma .< que: songo, apro.- tout, a pu vous alarmer ? (1643-165C.)