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ACTE , SCÈNE I 163

Si tout n'est renversé, ne sauraient subsister. Tu te tais maintenant, et gardes le silence, Plus par confusion que par obéissance. Quel était ton dessein, et que prétendais-tu Après mavoir au temple à les pieds abattu? i 500

Affranchir ton pays d'un pouvoir monarchique? Si j'ai bien entendu tantôt ta politique, Son salut désormais dépend d'un souverain Qui, pour tout conserver, tienne tout en sa main, Et, si sa liberté te faisait entreprendre, loOo

Tu ne m'eusses jamais empêché de la rendre; Tu l'aurais acceptée au nom de tout l'Etat, Sans vouloir l'acquérir par un assassinat. Quel était donc ton but? d'y régner en ma place? D'un étrange malheur son destin le menace, 1510

Si, pour monter au trône et lui donner la loi, Tu ne trouves dans Rome autre obstacle que moi, Si jusques à ce point son sort est déplorable Que tu sois après moi le plus considérable, Et que ce grand fardeau de l'empire romain 1515

Ne puisse, après ma mort, tomber mieux qu'en ta main.

Apprends à té connaître, et descends en toi-même : On t'honore dans Rome, on te courtise, on t'aime ; Chacun tremble sous toi, chacun t'offre des vœux; Ta fortune est bien haut, tu peux ce que tu veux; 1520

Mais ta ferais pitié même à ceux qu'elle irrite,

1496. Subsister, se maintenir dans la situation qu'ils occupent :

Pour subsittcr en conr, c'est la hante science. {Polyeucte. 1472.) 1409. « Et quura defixum videret, ncc ex conventione jatn, »ed ex conscienti» tarentem : Quo, inqi)it, hoc anime facis? » (Sénèque.)

1505. Sur entreprendre, employé ainsi ncutraleraent et sans régime, dans !• sens de tenter une entreprise, voyez la note du v. 437. — Auguste a trop raison ici contre Cinna, et Corneille contre lui-même : c'est le résultat naturel de la fausse position qu'a prise Cinna au second acte.

1510. Etrange peut sembler faible, mais ne l'était pas au temps de Corneille, qui, comme Racine, l'emploie dans les situations les plus pathétiques : Si près «le voir mon fen récom|icnsé, O Dieu, l'étrange peine! {Cid, 308.) D'nn père mort pour moi voyez le sort étrange. (Rodogune, 121B.)

1512. « Ut ipse sis princeps? Maie, niehcrrule, cum republica agitur, si tibi ad iraperandura nihil prœter me obstat. » (Sénèque.) — Autre, pour: pas un tutre, nul autre obstacle que moi :

Madame, autre que moi n'a droit de soupirer. {Cid, 1147.) Axure n'a mieux que toi soutenu cette guerre. [Horace, Bi7.)

1513. Sut jusques, voyez la note du v. 1550.

1518. Palissot rapproche de ces vers ceux de Racine, dans Alexandre (II, n)t

Si le monde penchant n'a plus que cet appui.

Je le plsins, et vons plains vous-même autant que lui. 1521. Tar.Mais en nn triste état on la verrait réduite.... (1643-56.)

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