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144 CINNA

Pour le faire périr tour à tour s'inlércdae ; Meurs, puisque c'est un mal que tu ne peux guérir; 117 Meurs enfin, puisqu'il faut ou tout perdre, ou mourir. La vie est peu de chose, et le peu qui t'en reste Ne vaut pas l'acheter par un prix si funeste. Meurs. Mais quitte du moins la vie avec éclat : Éteins-en le flambeau dans le sang de l'ingrat; H80

A toi-même en mourant immole ce perfide; Contentant ses désirs, punis son parricide ; Fais un tourment pour lui de ton propre trépas, En faisant qu'il le voie et n'en jouisse pas. Mais jouissons plutôt nous-même de sa peine, H85

Et, si Rome nous hait, triomphons de sa baine. Romains! vengeance! pouvoir absolu! rigoureux combat d'un cœur irrésolu Qui fuit en même temps tout ce qu'il se propose I D'un prince malheureux ordonnez quelque chose. 1190

Qui des deux dois-je suivre, et duquel m'éloigner? Ou laissez-moi périr, ou laissez-moi régner.

1174. u Eco sum nobilibus adolescentulis expositum caput, in quod macrODM • tant. » (Senèque.) — S'intéresser pour, tournure alors très fréquente : Mais je sens qae pour toi ma pitié s'intéresse. {Cid, II, ii.) Je sens déjà mon cœur qni pour lui s'intéresse (Polyeucte, H, iv. Mon cœur, mon lâche cœnr s'intéresse pour lui. {Andromaque, V, t.)

C477. « Non est tanti vita, si, ut ego non peream, tam raulta perdenda sunt. » (Sénèque.) D'après Sénèque, Auguste avait alors soixante-sii ans ; mais Sénèque commet un anachronisme ; Auguste n'est âgé que de quarante-neuf ans à l'époque de la conjuration de Cinna.

1178. « Ne vaut pas l'acheter ; c'est ici le tour de phrase italien : non vale il comprar; c'est un trope dont Corneille enrichissait notre langue. » (Voltaire.) Corneille a, en effet, beaucoup employé ce tour, surtout dans ses premières comédies ; mais il n'est pas le premier à en faire usage. M. Littré cite des exemples analogues de Malherbe, et regrette, avec raison, cette tournure excel- lente, peu usitée aujourd'hui, mais qui mérite de l'être beaucoup. Ne vaut pa$ que est, en effet, beaucoup plus lourd.

♦182. Sur parricide, voyez la note du v. 817.

1185. « Peine ici veut dire supplice. » (Voltaire.) C'est un latinisme.

1191. Ces derniers vers sont un peu vagues, peut-être à dessein et pour mieux caractériser l'indécision d'Auguste. — Qui, pour: lequel des deux partis. M. Chas- iang rite cet exemple (Grammaire, p. 285) pour montrer que, jusqu'au ivii" siècle, gui s'est employé pour les chosus, dans le sens neutre, et remarquer qu'il était alors plus voisin de son étymolo^ie quid. Qui s'emploie encore aujourd'hui au neutre dans les locutions : nui pis est, qui plus est.

1102. Tout en admirant beaucoup ce monologue, Voltaire en critique la forma et même l'idée : i< Auguste, dit-il, ne pouvait-il pas être supposé au milieu de sa cour et s'abandonner a ses réflexions devant ses conûdents, qui tiendraient lieu du chœur des anciens ?» — « Il n'est aucun de ses confidents les plus intimes, répond Palissot, à qui Auguste osât faire îes aveux qu'il est censé se faire à lui- même dans ce monologue. » D'ailleurs, parlant devant sa cour, Auguste eût peut-être été soupçonné de jouer la comédie, et il l'eût peut-être jouée, en effet ; combien moins théâtral, mais plus émouvant, est « ce combat d un coeur irré>

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