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ACTE II, SCÈNE II fil

Doit avoir adouci l'aigreur de cette perte.

Voyez-la de ma part, tâchez de la gagner :

Vous n'êtes point pour elle un homme à dédaigner;

De l'offre de vos vœux elle sera ravie. 645

Adieu : j'en veux porter la nouvelle à Livie.

��SCENE II. CINNA, MAXIME.

MAXIME.

Quel est votre dessein, après ces heaux discours?

ClNNA.

Le même que j'avais, et que j'aurai toujours.

MAXIME.

Un chef de conjurés flatte la tyrannie !

ClNNA.

Un chef de conjurés la veut voir impunie 1 650

MAXIME.

Je veux voir Rome libre.

ClNNA.

Et vous pouvez juger Que je veux l'affranchir ensemble et la venger.

qu'il a doimî de l'argent à Emilie. » Nous craignons que, trop sévère aans la forme, Voltaire n'ait raison au foTd. Il y a, sinon de la bassesse, du moins quelque gaui'herie à rappeler res sortes de rhoses, surtout devant Cinna, qui aime Emilie ; c'est sembler faire peu de cas du caractère de celle-ci

642. Ce mot, ainsi que le verbe aigrir (v. 1618), a perdu beaucoup de son énergie primitive, égale à celle du mot amertume:

Chacnne a son sqjet d'aigreur on de tendresse. {Pompée, 1601.)

Montaigne dit : 'les aigreurs du mariage ». La critique de Voltaire est donc trop absolue.

Gîo. Var. ie présume plutôt qu'elle en sera ravie. (1643-66.)

Voltaire, qui juge cette variante aussi faible que le texte, ajoute pourtant : " Etj général, cette scène est d'un genre dont il n'y avait aucun exemple chez les anciens ni chez les modernes; détachez-la de la pièce, c'est un chef-d'œuvre d'é- loquence; incorporée à la pièce, c'est un chef-d'œuvre encore plus grand.» (Vol- taire.) L'abbé d'Aiibignac, qui, lorsqu'il juge Corneille, mêle à des critiques, souvent contestables, dos éloges souvent perfides, loue, sans réserve, Corneille d'avoir réussi dans les délibérations. « Si on y prend bien garde, dit-il même, on trouvera que c'est en cela pi incipalement que consiste ce qu'on appelle en loi des iiurvtiUfs, et ce qui l'a rendu si célèbre. « {Pratique du théâtre, p. 403.)

(p'iT. Ces beaux discours, i'X|)rcssioa trop familière, si l'on en croit Voltaire, et (|ui n'est pourtant qu'ironiijur.

r..>2. Voltaire trouve pt'u iiiitunl que Cinna n'ait pas de remords, après la pro- position d'Auguste; il condamne celte dernière scène entre Cinna et Maxime comme fausse et inutile. N'est-clle donc qu'un simple moyen d'achever l'acte? Le public, étonné de la conduite de Cinna dans la scène de la délibération, u'a-t-il

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