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ACTE DEUXIEME.

��SCÈNE I. Â.UGUSTE, CINNA, MAXIME, troupe de courtisans

AUGUiTE.

Que chacun se retire, et qu'aucun n'entre ici. 355

Vous, Cinna, demeurez, et vous, Maxime, aussi. (Tous se retirent, à la réserve de Cinna et de Maxime.)

Cet empire absolu sur la terre et sur l'onde, Ce pouvoir souverain que j'ai sur tout le monde, Cette grandeur sans borne, et cet illustre rang Qui m'a jadis coûté tant de peine et de sang, 360

Enfin tout ce qu'adore en ma haute fortune D'un courtisan flatteur la présence importune, N'est que de ces beautés dont l'éclat éblouit, Et qu'on cesse d'aimer sitôt qu'on en jouit.

355. « C'est une chose admirable sans doute d'avoir supposé cette délibération d'Auguste avecceui mêmes qui viennent de faire serment de l'assassiner. Sans cela cette scène serait plutôt un beau morceau de déclamrition qu'une belle s^ène de tragédie. » (Voltaire.) D'Aubignac remarque que les délibérations sont nombreuses dans Cinna; voyez l'Introduction, p. 7. Examinant ensuite les délibérations « qui se font par dessein, » il compare le deuxième acte de Cinna, qui u a ravi tous les spectateurs », au premier acte de la Mort de Pompée, très inférieur selon lui et ne réalisant pas autant les conditions d'une délibération intéressante. Voici ces conditions : 1» grandeur du sujet; 2» motif pressant et nécessaire; 3° raisonne* monts qui répondent à la grandeur du sujet; 4° la délibération, sans être pla" rée tout à fait au début, où il n'y a point encore de passion éveillée , doit pré'éiler cependant la crise, dont le voisinage la rendrait froide; 5» le sujet et lus personnages qui délibèrent doivent inspirer de l'intérêt; 6* en tout cas, il faut que la délibération soit très courte : « Celle d'Auguste, dit-il, aurait été meilleure et plus ardente, si elle avait été moins étendue. » (Pratique du théà' tre, IV, 4.).

3fî4. « Féneloa, dans sa Lettre à V Académie, dit : u II me semble qu'on a donné souvent aux Romains un discours trop fastueux ; je ne trouve point de proportion entre l'emphase avec laquelle Auguste parle dans la tragédie de Cinna et la modeste simplicité avec laquelle Suétone le dépeint. » « Il est vrai, mais ne faut-il pas (quelque chose de plus relevé sur le théâtre oue dans Sué- tone? Il y a un milieu à garder entre l'enflure et la simplicité. Il faut avouer que Corneille a quelquefois passé les bornes. L'archevêque de Cambrai avait d'autant plus raison de reprendre cette enflure vicieuse que de son temps les co- médiens chargeaient encore ce défaut par la plus ridicule affectation de l'ha- biÛement, dans la déclamatio" et dans l«8 gestes. On voyait Auguste arrirer

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