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d'abord et c'est par conséquent en 1639 qu'il fut écrit. Or,

Sae s'était-il passé cette année-là dans la ville de Rouen, où orneille menait la vie laborieuse et retirée que vous con- naissez déjà?' » Après M. Ed. Fournier, nous allons le dire, en nous appuyant de préférence sur les témoignages con- temporains.

La Normandie n'était pas seulement riche en poètes ; c'esl 03 qui fit son malheur. Une nuée de traitants s'était abattue sur elle; de lourdes taxes, qui frappaient même le pain et les objets de première nécessité, la ruinaient; plus que jamais, la gabelle y était impopulaire. Ce mécontentement général ne fut pas cependant la cause directe de la révolte, qu'aurait suffi à expliquer l'effroyable tableau de la misère en Normandie tracé par les Etats de 1638. La trop rigou- reuse application d'une loi inique fît éclater des colères longtemps accumulées. En temps de guerre comme en temps de paix, les habitants des paroisses étaient solidaires pour le payement des impôts, c'est-à-dire qu'un très petit nombre payait pour la foule des insolvables. Le 4 juin 1639, la cour des aides de Rouen défendit par arrêt de poursuivre de ce chef les particuliers; cet arrêt fut cassé par le Conseil du roi. De là un sourd dépit, qui chercha l'occasion de se manifester et la trouva : pendant toute la durée des trouble -, le Parlement montra, non pas une hostilité ouverte, mais un mauvais vouloir mal dissimulé. On le voit, tantôt relâcher les mutins qui en appellent à lui, tantôt intervenir, mais trop tard, pour prévenir les suites d'un mouvement dont il a encouragé les débuts.

Quant au peuple, il n'avait pas besoin d'être excité : affolé par le bruit de l'envoi d'un commissaire chargé d'éta- blir la gabelle là même où elle n'existait pas, soulevé en partie par l'or de l'Angleterre et de l'Espagne, dont on sur- prit plusieurs agents parmi les révoltés, agité par mille pas- sions contraires (un des chefs qui le conduisaient était un prêtre ^), il se jetait aveuglément sur tous ceux qu'on lui désignait, souvent à tort, comme des monopoleurs. C'est ce mélange de préjugés puérils et de rancunes légitimes qui rendit l'insurrection dangereuse et la propagea d'Avranches, son berceau, dans la province tout entière. « Il y a des folies qui se prennent comme des maladies contagieuses. » Ce mot

��1. Notes sur la vie de Corneille, en têto de Corneille à la butte Saint-Roch, eomédie.

2. Nous empruntons ces détails à YHistoire de France de M. Henri Martin. (XI, 70}

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