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ACTE IV, SCENE IV 135

Quand on en voit sortir des victoires publiques.

Rome triomphe d'Albe, et c'est assez pour nous;

Tous nos maux à ce prix doivent nous être doux.

En la mort d'un amant vous ne perdez qu'un homme

Dont la perte est aisée à réparer dans Rome ; H80

Après cette victoire, il n'est point de Romain

Qui ne soit glorieux de vous donner la main.

Il me faut à Sabine en porter la nouvelle ;

Ce coup sera sans doute assez rude pour elle.

Et ses trois frères morts par la main d'un époux H85

Lui donneront des pleurs bien plus justes qu'à vous;

Mais j'espère aisément en dissiper l'orage,

Et qu'un peu de prudence aidant son grand courage

Fera bientôt régner sur un si noble cœur

Le généreux amour qu'elle doit au vainqueur. J190

Cependant, étouffez cette lâche tristesse;

Recevez-le, s'il vient, avec moins de faiblesse;

��dit de même « un CTimedomestigue » (Polyeucte, iOÎH), « un nœad domestique m, {Othon, 881.)

1176. ' '^es victoires qui sortent font une image peu convenable. On ne voit point sortir des victoires comme on voit sortir des troupes d'une ville. » (Vol- taire.) — « Ce vers nous parait très beau. Sortir est ici au figuré et devient l'équivalent de naître : On se console aisément d'une perte dont on voit naître de grands avantages: voilà ce que Corneille a exprimé en poète. » (Palissot.)

1180. Avec la même brutalité dans l'idée, mais avec plus de grandeur aans l'expression, don Uiègue dit à son Cls, qui pleure la perte de Chimène :

Nous n'avons qu'un honneur, il est tant de maîtresses ! {Cid, 1058.)

Il faut descendre à Fabian, confident de Sévère, pour trouver l'équivalent de ces paroles du vieil Horace, si belles par le sentiment qui les inspire, mais si blessantes par la forme dont ce sentiment est revêtu :

Vous trouverez dans Rome assez d'autre? maîtresses,

Et, dans ce tiaut degré de puissance et d'honneur,

Les plus grands y tiendront votre amour à bonheur. {Polyeucte, II, 1.)

1182. De vous donner la main, de vous épouser ; voyez la note du vers 338.

1184. Rude ne se dit plus autant ^oav pénible, au moins dans le langage re- levé ; mais Racine l'emploie dans le même sens que Corneille ; son Hermiona dit:

C'est cet amour payé de trop d'ingratitude

Qui me rend en ces lieux sa présence si rude. {Andromaque, II, i.)

1186. Lui donneront des pleurs n'est pas, ou n'était pas alors, si incorrect que le pense Voltaire ; car donner, dans tout le théâtre classique, est souvent pris pour causer :

La reine, qui surtout ^r iint de vous voir régner,

Vous donne ces terroirs pour vous faire éloigner. {Rodogune, 806.)

1188. J'espère en dissiper l'orage (l'orage de ses pleurs, de son désespoir) et que, anacoluthe qu'on a déjà rencontrée au vers 867, et qu'on rencontrera encore plus bas, au vers 1103 : faites vous voir sa sœur, et que. On en trouve d'in- pombrables exemples dans le théâtre classique :

Je If kJîi, ma princesse, et qu'il vous fait la eopr. (Ificomifiet !••)

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