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ACTE IV, SCENE II IdS

Appui de ton pays, et gloire de ta race 1

Quand pourrai -je éloulfor dans tes erabrassements H45

L'erreur dont j'ai formé de si faux sentiments?

Quand pourra mon amour baigner avec tendresse

Ton front victorieux de larmes d'allégresse?

VALÈRE.

Vos caresses bientôt pourront se déployer ;

Le roi dans un moment vous le va renvoyer, H50

Et remet à demain la. pompe qu'il prépare

D'un sacriiîce aux dieux pour un bonheur si rare :

Aujourd'hui seulement on s'acquitte vers eux

Par des chants de victoire et par de simples vœux.

C'est où le roi le mène, et tandis il m'envoie H55

Faire office vers vous de douleur et de joie;

Mais cet office encor n'est pas assez pour lui;

Il y viendra lui-même, et peut-être aujourd'hui :

1148. Sur tout ce passage, voyez le jugement de M. Saint-Marc Gi"ardin, cité dans rintrodurtion. Comparez à ce langage du vieil Horace celui que tient don Diègne à Rodrigue, acte III, scène 6, du Cid.

1150. Pour cetto construction de le, comparez les vers 1002 et 1536.

1131. Var. Et remet à demain le pompeux .lacrifiee

Que nous devons aux dieux pour un tel bénéfice. (1641-1648,)

1153. Vers, comme plus bas (vers 1156 et 1748), a ici le sens d'envers, \ l'égard de ; en cette acception, il était très usité du temps de Corneille :

Et Cinna vous impute à crime capital

La litièralité vers le pays natal ! {Cinna. 464.)

C'est un frime vers lui si grand, si capital. (Polyeuctc, 1401.)

Et pouvez-vous les voir, sans demeurer confuse

Du crime donl vers moi son style vous accuse ? {Misanthrope, IV, î.)

« Les grammairiens prétendent que vers ne peut pas se dire pour envers, au •ens figuré et moral, et en elTet l'Académie a suivi leur décision, mais à tort; car, ni la dérivation (vers et envers étant étymologiquement le même mot) ni l'usage ne jiistilic cette décision; les meilleurs auteurs, Corneille, Molière, Pascal, Racine, Voltaire ont donné à vers le sens d'envers ; l'on peut suivre, au besoin, leur exemple. » (M. Littré.)

1155. « Mener à des chants et à des vœux n'est ni noble ni juste ; mais le récit de Valère a été si beau qu'on pardonne aisément ces petites fautes. » (Vol- taire.) — TandiSj f dur cependant, pendant ce temps; cet emploi adverbial de tandis était blâmé dès 1617 par Vaugelas, dans ses Remarques, ou le législa- teur de la grammaire au xvii" siècle défend de dire et d'écrire tandis s'il n'est suivi de que, mais reconnaît qu'on le disait et qu'on l'écrivait souvent. En tout cas. Corneille n'a pas cessé de s'en servir, même après que la règle eut été for- mulée. En voici deux exemples, l'un antérieur, l'autre postérieur aux Jtemarquet de Vaugelas :

Tandis, tu peux donc vivre en d'éternels supiilices ? {Clitandre, U, f.) Tandis, tu m'as réduite à faire un peu d'avance. [Othon, 809.)

AvaBt Corneille, Malherbe écrivait :

Tandis la nuit s'en va, ses lumières s'éteignent. II, 4.)

1156. « Faire office de douleur n'est plus français, et je ne sais s'il l'a jamali «té. » (Voltaire.)

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