Page:Corneille Théâtre Hémon tome2.djvu/106

Cette page n’a pas encore été corrigée

90 HORACE

FLAVIAN.

Vos deux frères et vous,

CURIACE.

Qui?

FLAVIAN.

Vous et VOS deux frèret. Mais pourquoi ce front triste et ces regards sévères? Ce choix vous déplaît-il?

CURIACE.

Non^ mais il me surprend; Je m'estimais trop peu pour un honneur si grand,

FLAVIAN.

Dirai-je au dictateur, dont l'ordre ici m'envoie, 415

Que vous le recevez avec si peu de joie?

Ce morne et froid accueil me surprend à mon tour.

CURIACE.

Dis lui que l'amitié, l'alliance et l'amour

Ne pourront empêcher que les trois Curiaces

Ne servent leur pays contre les trois Horaces. 420

FLAVIAN.

Contre eux! Ah! c'est beaucoup me dire en peu de mots.

CURIACE.

Porte-lui ma réponse, et nous laisse en repos.

��SCÈNE III. HORACE, CURIACE.

CURIACE.

Que désormais le ciel, les enfers, et la terre Unissent leurs fureurs à nous faire la guerre;

411. « Ce n'est pas ici une battologie : cette répétition est sublime par la situa- tion. Voilà la première scène au théâtre où un simple messager ait un effet tra- gique en croyant apporter des nouvelles ordinaires. J'ose croire que c'est la per- fection de l'art. » (Voltaire.) Ce coup de théâtre a plusieurs fois été comparé à celui de Cinna (I, 4), alors qu'Evandre annonce aux conjurés qu'Auguste lei mande à son palais :

Seieneur. César vons mande, et Maxime avec vous. — Et Maxime avec moi? le sais-tu bien, Evandre?

415. Var. Dirai-je au dictateur qui devers vous m'envoie... (16*1-164«.) 422. M. Marty-Laveaux remarque que dans les premiers ouvrages de Coraeillo nous est placé généralement avant le verbe, mais que dans les réimpressions Cor- neille modifia cette tournure; les vers 422 et 992 d'Horace font exception. 414. A daias le sens de pour, tournure des plus usitées alors.

�� �