Page:Corneille - Marty-Laveaux 1910 tome 1.djvu/57

Cette page n’a pas encore été corrigée

SUR PIERRE CORBEILLE. xlv

et valut au poëte, de la part du Roi, des libéralités, qu'il consi- déra comme « des ordres tacites, mais pressants, de consacrer aux divertissements de Sa Majesté ce que l'âge et les vieux travaux » lui avaient laissé d'esprit et de vigueur ' . Il agit en conséquence. Après avoir écrit pour Marie-Thérèse d'Autriche un sixain destiné à être mis en musique par Lambert -, il cé- lébra le mariage de cette princesse avec le roi de France dans le Prologue de la Toison d'or, pièce représentée avec grande pompe à Neubourg, aux frais de M. de Sourdeac, et plus tard à Paris, avec un succès et un éclat dont nous avons rapporté tout au long les abondants témoignages^.

Le 3i octobre 1660 est la date de l'Achevé d^imprimer d'une édition importante des œuvres de Corneille, revue par lui avec le soin le plus consciencieux. Une de ses lettres nous le monti'e occupé de cette révision. Dès le 9 juillet i658, il écrit à l'abbé de Pure qu'il compte avoir terminé dans deux mois la correc- tion de ses ouvrages, si quelque nouveau dessein ne vient l'in- terrompre*. Depuis quelques années Corneille s'apercevait avec douleur que les immenses progrès qu'il avait plus que personne introduits dans la langue et dans l'art dramatique faisaient plus vivement ressortir la faiblesse relative de ses premiers ouvra- ges °. Comme il arrive toujours à la suite d'un grand mouve- ment littéraire, les grammairiens et les critiques étaient venus en foule. En 1647, Vaugelas avait écrit ses judicieuses /?emar- ques, et Corneille en tint compte, dans sa révision, avec une déférence dont on n'avait pas été suffisamment frappé, mais que nous avons signalée à l'attention du lecteur dans la pré- face de notre Lexique, et dont l'examen des variantes fournira des preuves nombreuses. Il était loin, on le conçoit, d'ac-

I. Tome VI, p. 126. — 2. Tome X, p. i53.

3. Tome VI, p. 228-227. — ^- Tome X, p. /i82.

5. Santeul, dans un passage curieux, qu'on a négligé de recueillir, nous montre notre poëte préoccupé de l'avenir, et prévoyant cpie sa diction paraîtra un jour surannée : « La langue françoise est une grande reine qui change de siècle en siècle d'équipage et de cou- leurs, parce que l'usage est un tyran qui la gouverne sans raison. Le grand Corneille me dit très souvent (lui dont le théâtre est si bien paré) qu'il sera un jour habillé à la vieille mode. » {Réponse de Santeul à la critique des inscriptions faites pour l'arsenal de Brest.^

�� �