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^o6 LA VEUVE.

Cependant continue à caresser Doris ;

Que son frère, ébloui par cette accorte feinte', 125

De nos prétentions n'ait ni soupçon ni crainte".

ALCID0?f.

A m'en ouïr conter, l'amour de Céladon ^ N'eut jamais rien d'égal à celui d'Alcidon : Tu rirois trop de voir comme je la cajole.

LA NOURRICE.

Et la dupe qu'elle est croit tout sur ta parole? i3o

ALCIDON.

Cette jeune étourdie est si folle de moi.

Quelle prend chaque mot pour article de foi ;

Et son frère, pipé du fard de mon langage,

Qui croit que je soupire après son mariage.

Pensant bien m'obliger, m'en parle tous les jours; i35

Mais quand il en vient là, je sais bien mes détours ;

Tantôt, vu l'amitié qui tous deux nous assemble,

J'attendrai son hymen pour être heureux ensemble ;

Tantôt il faut du temps pour le consentement.

D'un oncle dont j'espère un haut avancement^ ; i^o

Tantôt je sais trouver quelque autre bagatelle.

LA NOURRICE.

Séparons-nous, de peur qu'il entrât en cervelle", S'il a voit découvert un si long entretien. Joue aussi bien ton jeu que je jouerai le mien.

ALCIDON.

Nourrice, ce n'est pas ainsi qu'on se sépare. ' 4^

LA NOURRICE.

Monsieur, vous méjugez d'un naturel avare.

1 . Var. Qui, son frère ébloui par cette accorte feinte. (i663 et 6'))

2. Var. De ce que nous brassons n'ait ni soupçon, ni crainte. (i63i).

3. Quand Corneille écrivait la Veuve, il y avait une vingtaine d'années qu'avait paru le roman où figure ce modèle des amants: c'est en ifiio que d'Urfé a publié la première partie de l'Aslrce.

Ix. Var. D'un oncle dont j'espère un bon avancement. (iGS/i-ôy) 5. Voyez plus haut, p. 192, note 2.

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