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nocence,

Recherche maintenant, par un plus juste effet,

Une fausse innocence à cacher ton forfait.

Quelle honte importune au visage te monte

Pour un sexe quitté dont tu n’es que de honte ?

Il t’abhorre lui-même ; et ce déguisement,

En le désavouant, l’oblige pleinement.

Après avoir perdu sa douceur naturelle,

Dépouille sa pudeur, qui te messied sans elle ;

Dérobe tout d’un temps, par ce crime nouveau,

Et l’autre aux yeux du monde, et ta tête au bourreau.

Si tu veux empêcher ta perte inévitable,

Deviens plus criminelle, et parais moins coupable.

Par une fausseté tu tombes en danger,

Par une fausseté sache t’en dégager.

Fausseté détestable, où me viens-tu réduire ?

Honteux déguisement, où me vas-tu conduire ?

Ici de tous côtés l’effroi suit mon erreur,

Et j’y suis à moi-même une nouvelle horreur :

L’image de Caliste à ma fureur soustraite

Y brave fièrement ma timide retraite,

Encor si son trépas, secondant mon désir,

Mêlait à mes douleurs l’ombre d’un faux plaisir !

Mais tels sont les excès du malheur qui m’opprime,

Qu’il ne m’est pas permis de jouir de mon crime ;

Dans l’état pitoyable où le sort me réduit,