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Poussons donc hardiment. Mais, hélas ! cette épée

Coulant entre mes doigts, laisse ma main trompée ;

Et sa lame, timide à procurer mon bien,

Au sang des assassins n’ose mêler le mien.

Ma faiblesse importune à mon trépas s’oppose ;

En vain je m’y résous, en vain je m’y dispose ;

Mon reste de vigueur ne peut l’effectuer ;

J’en ai trop pour mourir, trop peu pour me tuer :

L’un me manque au besoin, et l’autre me résiste.

Mais je vois s’entr’ouvrir les beaux yeux de Caliste,

Les roses de son teint n’ont plus tant de pâleur,

Et j’entends un soupir qui flatte ma douleur.

Voyez, dieux inhumains, que, malgré votre envie,

L’amour lui sait donner la moitié de ma vie,

Qu’une âme désormais suffit à deux amants.

Caliste

Hélas ! qui me rappelle à de nouveaux tourments ?

Si Rosidor n’est plus, pourquoi reviens-je au monde ?

Rosidor

O merveilleux effet d’une amour sans seconde !