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Beaux yeux, à mon transport pardonnez ce blasphème,
La bouche est impuissante où l’amour est extrême :
Quand l’espoir est permis, elle a droit de parler ;
Mais vous allez plus loin qu’elle ne peut aller.
Ne vous lassez donc point d’en usurper l’usage,
Et quoi qu’elle m’ait dit, dites-moi davantage.
Mais tu ne me dis mot, ma vie ; et quels soucis
T’obligent à te taire auprès de ton Tircis ?


MÉLITE.


Tu parles à mes yeux, et mes yeux te répondent.


TIRCIS.


Ah ! mon heur, il est vrai, si tes désirs secondent
Cet amour qui paroît et brille dans tes yeux,
Je n’ai rien désormais à demander aux Dieux.


MÉLITE.


Tu t’en peux assurer : mes yeux si pleins de flamme
Suivent l’instruction des mouvements de l’âme.
On en a vu l’effet, lorsque ta fausse mort
A fait sur tous mes sens un véritable effort 345 ;
On en a vu l’effet, quand te sachant en vie,
De revivre avec toi j’ai pris aussi l’envie 346 ;
On en a vu l’effet, lorsqu’à force de pleurs
Mon amour et mes soins, aidés de mes douleurs,
Ont fléchi la rigueur d’une mère obstinée,
Et gagné cet aveu qui fait notre hyménée 347,
Si bien qu’à ton retour ta chaste affection
Ne trouve plus d’obstacle à sa prétention 348.


345. Var. Fit dessus tous mes sens un véritable effort. (1633-57)

346. Var. De revivre avec toi je pris aussi l’envie. (1633-57).

347. Var. Lui faisant consentir notre heureux hyménée. (1633-57)

348. Var. Nous trouve toutes deux à sa dévotion ;
Et cependant l’abord ap des lettres d’un faussaire. (1633-57)
Var. Ne trouve plus d’obstacle à ta prétention ;
Et le premier aspect des lettres d’un faussaire. (1660)

ap. L’édition de 1657 donne, par erreur, d’abord, pour l’abord.