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PHILANDRE.


De grâce, redonnez à l’amitié passée
Le rang que je tenois dedans votre pensée.
Derechef, ma Cloris, par ces doux entretiens,
Par ces feux qui voloient de vos yeux dans les miens 340,
Par ce que votre foi me permettoit d’attendre…


CLORIS.


C’est d’où dorénavant tu ne dois plus prétendre.
Ta sottise m’instruit, et par là je vois bien
Qu’un visage commun, et fait comme le mien,
N’a point assez d’appas, ni de chaîne assez forte,
Pour tenir en devoir un homme de ta sorte.
Mélite a des attraits qui savent tout dompter ;
Mais elle ne pourroit qu’à peine t’arrêter :
Il te faut un sujet qui la passe ou l’égale.
C’est en vain que vers moi ton amour se ravale ;
Fais-lui, si tu m’en crois, agréer tes ardeurs :
Je ne veux point devoir mon bien à ses froideurs.


PHILANDRE.


Ne me déguisez rien, un autre a pris ma place ;
Une autre affection vous rend pour moi de glace.


CLORIS.


Aucun jusqu’à ce point n’est encore arrivé 341 ;
Mais je te changerai pour le premier trouvé.


PHILANDRE.


C’en est trop, tes dédains épuisent ma souffrance.
Adieu ; je ne veux plus avoir d’autre espérance,


340. Var. [Par ces feux qui voloient de vos yeux dans les miens,)
Par mes flammes jadis si bien récompensées,
Par ces mains si souvent dans les miennes pressées,
Par ces chastes baisers qu’un amour vertueux
Accordoit au désir d’un cœur respectueux,
[Par ce que votre foi me permettoit d’attendre… ] (1633-57)

341. Var. Aucun jusqu’à ce point n’est encor parvenu ;
Mais je te changerai pour le premier venu.
phil. Tes dédains outrageux épuisent ma souffrance. (1633-57)