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Dites-lui que Mélite, ainsi qu’une Déesse,
Est de tous nos désirs souveraine maîtresse,
Dispose de nos cœurs, force nos volontés,
Et que par son pouvoir nos destins surmontés
Se tiennent trop heureux de prendre l’ordre d’elle ;
Enfin que tous mes vœux…


SCÈNE II.


TIRCIS, PHILANDRE.



TIRCIS.


Enfin que tous mes vœux…_Philandre !


PHILANDRE.


Enfin que tous mes vœux… Philandre !_Qui m’appelle ?


TIRCIS.


Tircis, dont le bonheur au plus haut point monté
Ne peut être parfait sans te l’avoir conté.


PHILANDRE.


Tu me fais trop d’honneur par cette confidence 184.


TIRCIS.


J’userois envers toi d’une sotte prudence.
Si je faisois dessein de te dissimuler
Ce qu’aussi bien mes yeux ne sauroient te celer.


PHILANDRE.


En effet, si l’on peut te juger au visage,
Si l’on peut par tes yeux lire dans ton courage 185,



Du milieu fin chaos lira sa forme ronde.
C’est la première fois que ces vieux ennemis,
Le change et la raison, sont devenus amis ;
[Dites-lui que Mélite, ainsi qu’une Déesse.] (1633)

184. Var. Tu me fais trop d’honneur en cette confidence. (1633-60)

185. Var. [Si l’on peut par tes yeux lire dans ton courage,]
Je ne croirai jamais qu’à force de rêver
Au sujet de ta joie, on le puisse trouver :
[Rien n’atteint, ce me semble, aux signes qu’ils en donnent.] (1633-57)